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combinées en décoration. La mie de pain coloriée leur plaît fort aussi et surtout le découpage du bois.

L’œuvre des « Blessés au Travail » s’étend tous les jours ; elles reçoit sans cesse de nouvelles demandes de conseils et d’avis qui sont accordées et engendrent de nouvelles subdivisions, se spécialisant parfois. C’est ainsi qu’une Ecole volante de Cours pour illettrés commence à fonctionner et qu’à la Fondation Musulmane de la Maison-Blanche de jeunes institutrices de bonne volonté enseignent le français à de très savans marabouts qui savent tout... excepté cela.

Des œuvres de « Blessés au Travail » fonctionnent à Caen, à Tours, à l’Ecole officielle de préapprentissage de Bordeaux fondée à l’instar de celle de Lyon : Montpellier aura bientôt son centre rééducatif pour les mutilés [1]. Une œuvre annexe, très intéressante, vient directement en aide aux mutilés en leur offrant l’apprentissage payé de l’industrie du tapis et il est bien curieux de voir des plombiers, des menuisiers, des cultivateurs se mettre très vite à des travaux dont ils n’avaient aucune idée auparavant.

L’institution des marraines est trop connue pour que nous insistions. Toutefois, les marraines couraient le risque d’ignorer, c’est-à-dire de négliger involontairement les soldats intéressans, alors que d’autres recevaient à profusion plus de paquets et de lettres que nécessaires. C’est alors que se fonda la « Famille du soldat » et d’autres, beaucoup d’autres œuvres qui procurent des marraines ou se chargent d’envoyer des paquets sur le front. Quelquefois ce sont aussi des ouvroirs comme celui de Mlle Jeanne Déroulède, la sœur du grand patriote, dans lequel sont confectionnés des objets aussitôt transmis au front avec beaucoup de douces et charmantes superfluités, soit par paquets individuels, soit par envois collectifs faits au capitaine ou au chef qui en adresse la demande pour ses soldats. Toutes les œuvres de ce genre ont à peu près le même fonctionnement, au moins dans leurs grandes lignes. Les œuvres plus que les particuliers sont à même de procéder à des vérifications permettant d’éviter les abus. Ne sont-elles pas aussi l’intermédiaire désigné entre l’isolé qui sollicite et

  1. Tout le monde connaît à Paris la si importante œuvre des « Invalides de la guerre » qui, elle aussi, met un métier dans la main de ses protégés. Plusieurs ateliers existent dans la capitale.