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cents francs, soit que plusieurs personnes s’associent pour parfaire cette somme. Comme, parmi ces jeunes filles, il en est de peu fortunées, elles ont imaginé un moyen de souscription d’une ingéniosité touchante. Il consiste en un carnet mis à la disposition des présidentes de Comités ; carnet divisé en 2 000 fractions de la somme de 200 francs et contenant 20 feuillets de 100 carrés à 10 centimes (100 carrés X 10 centimes X 20 feuillets = 200 francs), Un comité compte, en général, de 15 à 20 adhérentes. Donc, si chaque jeune fille se charge d’un seul feuillet par an (soit 10 francs), la vie d’un orphelin est assurée.

Je ne sais si ce sont les « Noëlistes » qui, les premières, eurent l’idée d’une cotisation minime, ou si elles prirent cette idée d’œuvres déjà existantes, toujours est-il que ce système collectif a donné et donne encore d’excellens résultats. Adoptant cette même base, la Mode Pratique a demandé à ses abonnées et lectrices de prélever sur leurs dépenses la modeste contribution d’un sou par jour pour subventionner son œuvre de guerre.

Ces souscriptions volontaires, parvenues de toutes les parties de la France, de l’étranger, de quelques pays neutres ou de l’Amérique, ont permis de mettre sur pied toute une organisation « pour les combattans ; » puis dans la suite, quand dons en espèces et en nature arrivèrent plus nombreux, une seconde œuvre du « vêtement pour les réfugiés. »

Au commencement de 1915, au cours d’une représentation de bienfaisance au Trocadéro, M. Carton de Wiart, ministre de la Justice en Belgique, décrivit la détresse des jeunes filles belges réfugiées en France et abandonnées à elles-mêmes et de celles qui étaient restées dans les villes occupées. Quelques-unes se trouvaient sans ressources et ignoraient le sort de leurs parens. Le désir de leur venir en aide donna naissance au « Sou de la Jeune Fille, » qui réunit les cotisations de la jeunesse associée sous le nom d’Union Nationale des Jeunes Filles de France, avec l’emblème de la Croix Rose, sous le patronage de la duchesse de Vendôme. Au 1er janvier, les étrennes de la Croix Rose aux jeunes filles belges restées dans les pays envahis ont été une somme de 5 000 francs. La moitié fut remise à M. Carton de Wiart, l’autre moitié au cardinal Mercier, pour être distribuée dans cinq villes de Belgique.