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premier souci fut d’assurer un service de visites fréquentes à nos soldats blessés et ceux des pays envahis furent l’objet de sa sollicitude particulière. Et comme les heures passées sur un lit d’hôpital paraissent souvent longues aux pauvres reclus, les visiteuses eurent la pensée délicate d’occuper leurs loisirs par un travail à la portée de ces malheureux. Le fil, le coton, le rafia furent transformés par eux en tapis, en corbeilles qui, exposés, trouvèrent aussitôt acheteur. Puis, commença l’envoi de nombreux paquets aux soldats sur le front, aux prisonniers en Allemagne, aux réfugiés du Pas-de-Calais, du Nord, de la Lorraine et des pays envahis.

Le Conseil national des Femmes françaises, groupement féministe par excellence, en corrélation avec les sociétés analogues, c’est-à-dire les conseils nationaux des autres pays, en temps normal, poursuit la revendication des droits de la femme, y compris le droit de suffrage. Les progrès du féminisme dans tous les domaines comme dans toutes les contrées y sont enregistrés et étudiés. A un moment donné, généralement une fois chaque année, les divers conseils nationaux féministes se réunissent en un Congrès international qui a ses assises à tour de rôle dans chaque pays. Il se tint à Paris en 1913. Dès la déclaration de guerre, le Conseil national des Femmes françaises adopta une attitude nettement française et patriotique, remettant au lendemain la revendication des droits féminins : « Qui donc aujourd’hui songerait à revendiquer les droits, quand le devoir parle si haut ? » Belle parole qui fut mise en pratique.

Le Conseil national ne s’est pas exclusivement consacré aux œuvres de guerre. Il a pris l’initiative d’une organisation importante, celle de l’office de renseignemens pour les familles dispersées [1], qui est devenu un véritable rouage officiel capable de rendre de grands services [2], mais par ailleurs, il a plutôt envisagé le côté social des choses. Il a cherché à enrayer la désorganisation du travail et à faciliter le retour aux conditions normales. C’est lui qui, le premier, a signalé l’inconvénient qu’il y avait à développer les ouvroirs féminins fréquentés par

  1. Avenue de l’Opéra.
  2. L’office de renseignemens qui comprend près de 700 000 fiches a fourni des renseignemens à 34 885 demandes et a reçu de février à septembre 65 000 lettres. Trois cents collaborateurs sont inscrits, fournissant un travail quotidien de cent travailleurs.