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convalescence et ne pouvant aller passer ce congé chez eux.

Les œuvres de guerre pour non-combattans sont tout aussi nombreuses. Il y a d’abord les secours légaux dans les mairies, puis ceux qu’allouent certaines œuvres privées ; toutes les œuvres infantiles et maternelles appliquées aux familles de mobilisés et les œuvres d’adoption d’orphelins, d’assistance aux veuves de la guerre ; les restaurans à bon marché ou même gratuits, les œuvres de travail ou de placement.

Pour les réfugiés, on a établi, en plus des œuvres de secours et d’hospitalisation, des offices de renseignemens sur les familles réfugiées ou rapatriées, sur les disparus, et des permanences pour les originaires des départemens envahis.

Au lendemain de la déclaration de guerre, quelques femmes qui ne pouvaient se consacrer au soin des blessés songèrent au sort des ouvrières en chômage. La vie arrêtée, beaucoup d’ateliers fermés, qu’allaient devenir celles qui n’avaient aucun droit à l’allocation militaire ? La chose la plus urgente parut être de leur assurer le vivre, et de toutes parts des Œuvres se créèrent. Elles se subdivisent en ouvroirs de charité comprenant les ouvroirs-cantines et les ouvroirs salariés, puis les ateliers de chômage.

Les ouvroirs de charité groupèrent sans distinction domestiques sans place, ménagères privées d’un mari, ouvrières de toutes catégories et les modes de rétribution furent divers. Les ouvroirs-cantines se contentèrent d’assurer, les uns un seul repas, les autres un repas et le goûter, quelques-uns enfin deux repas. D’autres y ajoutèrent une légère somme d’argent et ceci, joint à la durée variable du travail imposé, fournit un nombre infini de combinaisons [1]. Le travail consista d’abord en objets destinés aux soldats du front, aux blessés, en articles de bienfaisance. Les ateliers de chômage recueillirent de préférence les ouvrières spécialisées et, dès le début, ne craignirent pas d’accepter des travaux exigeant une certaine habileté professionnelle.

Dès la première heure, la rareté du travail fut pour les ouvroirs et ateliers de chômage la plus grosse des difficultés à résoudre. Où se procurer l’ouvrage nécessaire pour occuper

  1. L’enquête faite par le ministère du Travail permet de constater que, dans la majeure partie des cas, la rétribution en argent ne dépasse pas 0 fr. 73. Quelques ouvroirs donnent cependant de 1 franc à 1 fr. 50, un seul 2 francs. La plupart de ces ouvroirs salariés ne donnent pas de nourriture.