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sauver la division assiégée. Pendant le mois de mars, le Corps d’armée du Tigre se prépare, ne se livrant qu’à d’insignifiantes escarmouches. Pendant toute la nuit du 5 avril, l’artillerie anglaise, soutenue par les canonnières, lance ses projectiles sur Oumm-el-Henna. L’infanterie, dans ses sapes, à cent mètres de l’adversaire, met baïonnette au canon, et à cinq heures du matin, elle s’élance, enlève deux lignes de tranchées et ne s’arrête que pour permettre aux artilleurs d’allonger leur tir. Deux heures plus tard, la 13e division emporte les trois dernières tranchées profondes de deux mètres, et bien abritées.

L’après-midi, quelques aviateurs australiens reconnaissent les positions ottomanes, dont l’assaut est repris. Sur la rive droite, le général Keary, à la tête de la 3e division de Lahore, atteint les retranchemens, et, à vingt heures, la rive gauche est à son tour nettoyée. L’ennemi s’est retiré vers Sanna-i-Yat, dont l’état-major britannique prépare aussitôt la prise.

La tâche se révèle très ardue. De chaque côté du fleuve s’étendent trois kilomètres de retranchemens aboutissant à des marais. Ce front étroit va encore être raccourci par les inondations, rendant difficile l’emploi d’effectifs en masse.

Une première attaque, le 9 avril, échoue ; trois jours après, pendant une effroyable tempête, de sérieux progrès sont accomplis. Traversant des marécages inondés, les Anglais avancent de trois à cinq kilomètres, menaçant ainsi de prendre à revers la rive gauche. Là, sous un feu meurtrier, les Turcs doivent évacuer quelques positions inondées. Mais, les 16, 17 et 18 avril, ils contre-attaquent en masses profondes pour regagner le terrain perdu. Trois divisions se font successivement massacrer par le feu des mitrailleuses. Dans la nuit du 17, ils perdent 3 000 hommes, abandonnant 1 500 cadavres sur le seul front d’une brigade. Ils croyaient les forces britanniques cernée, par les inondations, et pensaient pouvoir les anéantir. Tous leurs efforts furent vains. Plusieurs officiers allemands qui les conduisaient furent tués. Dans la journée du 18, l’ennemi abandonne la partie. Ses ambulances, d’après les rapports d’aviateurs, regorgent de blessés.

Ayant ainsi infligé à l’adversaire un sanglant échec, le général Gorringe, après un bombardement de trois jours, reprend l’attaque avec une seule brigade, car le front, comme nous l’avons dit, était très restreint. Les trois lignes ottomanes sont