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ses effectifs restans, capable de gagner la nouvelle bataille qui, déjà, s’annonçait. Il voulut donc l’éviter et débuta par un repli sur ses convois de ravitaillement à Laj (26 novembre) et, dans la nuit suivante, il atteignait Azizié. Le groupe des canonnières du capitaine Nunn eut les plus grandes difficultés à naviguer. Dans la soirée, le Shaitan s’échoue à 13 kilomètres en amont d’Azizié. Le jour suivant, le Firefly et le Shushan sauvèrent matériel et munitions sous le feu de l’ennemi, embusqué à quelques mètres sur les rives. La brigade montée du brigadier général Roberts fut envoyée pour les en chasser. Dans une charge vigoureuse, le 14e hussards et le 7e lanciers du Bengale sabrèrent 140 Turcs. Les deux canonnières purent alors se retirer. Le 30 novembre, la 6e division touchait Umm-el-Tubal. Quelques groupes ennemis menaçaient nos alliés d’enveloppement, car ils venaient d’intercepter la voie de Ghubabat à Kut.


À ce moment, se produisit le fait capital de toute la bataille. Le général Melliss, sur l’ordre de son chef, tente de s’ouvrir la roule vers Kut. Il dispose pour cela de la 30e brigade d’infanterie, d’une batterie d’obusiers et du 16e régiment de cavalerie. Il venait de commencer la manœuvre, quand son chef le rappela.

Entre les deux ordres contraires de Townshend, le général Melliss avait fait 70 kilomètres environ, qu’il dut encore parcourir au retour pour rallier le gros des troupes. Heureusement, il revint à temps. Voici ce qui venait de se produire : à peine le commandant de l’expédition s’était-il séparé de Melliss qu’il était lui-même attaqué. La bataille se présentait dans des conditions rendant nécessaires tous les hommes disponibles. De là, le contre-ordre envoyé à Melliss. En effet, le 1er décembre, de grand matin, les forces turques sont lancées à l’assaut, et le choc se produit à Umm-el-Tubal. Les Anglais, par un judicieux emploi de leur artillerie, arrêtent l’ennemi qu’ils mitraillent à 2 500 mètres, lui infligeant de terribles pertes. Le Firefly et le Comet tirent en rafale. Une habile manœuvre tournante de la cavalerie leur permet de se replier par échelon de brigade. L’ennemi était nettement battu, — et, cependant, le succès demeura stérile. Le commandement s’en rendait compte ; aussi, quoique vainqueur, précipita-t-il sa retraite.