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parapet, et masquées de fils barbelés. Sur la rive droite, ils se développaient en une longueur de cinq kilomètres et disposés suivant deux lignes, séparées l’une de l’autre par huit mille mètres. Sur la rive gauche, les positions se prolongeaient de dix kilomètres, appuyées à de fortes redoutes et à la rivière Dialah. Entre les deux, se dressait l’arc de Ctésiphon. Plus loin, entre les berges, un étroit pont de bateaux.

Le commandant connaissait ces détails, depuis les explorations des aviateurs, dont quelques-uns durent, d’ailleurs, atterrir chez l’ennemi. L’armée turque comprenait au moins 13 000 hommes armés de 38 canons, et il importait de l’attaquer avant l’arrivée des renforts. Dans la nuit du 21 au 22 novembre, la 6e division s’avança de Laj à Ctésiphon. Dès l’aube, les canonnières postées à Bustan, distant de 3 000 mètres environ, et l’artillerie de campagne, bombardent l’adversaire. Le récit vivant qu’en fit un officier permet de reconstituer la physionomie de la bataille.

Les fantassins sont accueillis par un feu violent parti des tranchées turques. Le terrain plat n’offrait aucun abri ; aussi la progression fut-elle coûteuse. Des corps à corps furieux, sur la rive gauche, livrèrent aux Anglais la première ligne. Dans l’après-midi, on passe à l’attaque des secondes positions et sur tout le front. Certains points furent conquis et 8 canons capturés qui, pendant la lutte, passèrent successivement de mains en mains. Finalement, en raison des pertes, il fallut les abandonner. La nuit trouva nos alliés revenus sur la première ligne. Treize cent cinquante hommes avaient été pris et la 45e division turque virtuellement détruite. Le 23, il fallut repousser des contre-attaques, évacuer blessés et captifs. L’ennemi paraissait très atteint. Autour de l’arc de Ctésiphon qu’épargnèrent les obus, se dressaient des monceaux de cadavres. A la tombée du jour, devant l’inutilité de ses efforts, l’adversaire se retira vers la Dialah. Cependant, la victoire de Townshend allait se transformer en un succès éphémère et même dangereux, puisqu’il portait en lui la cause de l’échec récent de Kut-el-Amara. Le lendemain, manquant d’eau, les avant-postes anglais devaient se rabattre vers le Tigre. D’après les aviateurs, Nour-Eddin semblait préparer sa retraite, quand, tout à coup, le 25, des renforts lui arrivent par colonnes. Sur 15 000 hommes, Townshend en avait perdu 4 000, aussi ne se crut-il point, avec