Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saisies, mines, canonnades et torpillages contre la flotte commerciale de la Hollande. Le bilan des succès germaniques en ce genre est difficile à établir : tant de chalutiers, de petits caboteurs sautent sur ces mines dérivantes dont j’ai contemplé tout un échantillonnage sur les plages de Flessingue à Nordwyk ! Une liste publiée par les assureurs de Rotterdam indique, au 31 décembre 1915, la destruction de vingt-six navires hollandais jaugeant 56 155 tonnes ; les bâtimens saisis ne figurent pas sur cette liste. Au cours du premier semestre 1916, le total des navires détruits a certainement augmenté de 60 pour 100. Le cynisme croissant des naufrageurs justifie cette progression dont quelques exemples suffisent à souligner la menace. Le 15 avril 1915, le cargo hollandais Katwijk est torpillé à l’ancre, près du bateau-feu de Noord Hinder ; le 15 mai 1916, au large du même bateau-feu, le paquebot Tubantia est torpillé en cours de route. A la torpille les sous-marins allemands ajoutent le canon et chassent le Hollandais en Méditerranée comme en mer du Nord. Le 5 février 1916, à 80 milles au Sud de la côte crétoise, le Bandoeng, qui navigue pavoisé de trois pavillons nationaux et dont la coque est tout entière peinte aux couleurs néerlandaises, reçoit huit projectiles d’un sous-marin allemand. Le 7 avril, l’Eemdijk, allant de Baltimore à Rotterdam, est attaqué par un autre sous-marin allemand, malgré l’incontestable manifestation de sa nationalité. Torpillés encore le Palembang, le Rijndijk, le Berkelstroom, sur l’identité desquels aucune équivoque n’est admissible. Quant aux ravages causés par les mines, le bilan d’une seule journée permet de l’apprécier : le 26 avril 1916, le Nordzee veut porter secours au Dubhe, qui le précède et vient de toucher une mine. Avant que le Nordzee ait pu rejoindre le premier cargo en détresse, un second bâtiment hollandais, le Maashaven, a touché une mine et coule. Le Nordzee veut se porter vers cette dernière victime, qui parait en pire condition : avant d’avoir commencé le sauvetage, il saute à son tour sur une mine dont l’explosion tue trois hommes. Un bâtiment anglais recueille péniblement les survivans des trois bâtimens neutres frappés en quelques minutes... Nous ne pouvons que constater. C’est au gouvernement et à l’opinion des Pays-Bas qu’il appartient de fixer et d’imposer les sanctions nécessaires ; à suivre sur place les alternatives de la polémique ouverte entre La Haye et Berlin sur le