Le 18 novembre, Aubert a une joie infinie : il reçoit des nouvelles ! C’est le soulagement de la pire douleur, l’absence, torture de tant de cœurs tendres dans la clôture du cercle de fer ! On la souffre en silence, mais peu à peu elle use les nerfs. Chaque lettre, par un mot, un trait, en laisse échapper le secret. Il y en a bien peu qui ne fassent mention du départ des ballons, avec tous leurs incidens. Aubert, après avoir porté lui-même ses lettres à la poste centrale, allait le plus souvent voir partir les ballons qui les emportaient, et qui prenaient leur vol soit de la gare d’Orléans, soit de la place Saint-Pierre, à Montmartre. C’est là, je m’en souviens, que je l’ai rencontré avec mon père, et plus d’une fois. Il s’imposait, pour ne point manquer à ces départs, des fatigues qui n’étaient guère dans ses goûts. « Le ballon doit partir ce matin, à sept heures, et je n’ai que le temps de vous donner en hâte quelques nouvelles. Il faut que je sois à six heures un quart rue Jean-Jacques-Rousseau. »
- ↑ Voyez la Revue du 1er août.