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changemens qui seraient nécessaires. Il faut aussi choisir les emplacemens de manière à garantir les nouveaux venus des mauvaises influences. Mais de grâce, voyez les troupes, voyez-les. On ne fait rien qui vaille si on n’a vu les hommes et les choses de ses propres yeux. Si les troupes manquent de quelque chose, ne manquez pas d’y pourvoir. Faites même pour cela les dépenses nécessaires, fussent-elles un peu en dehors de la mesure ordinaire.

Je fais prononcer la dissolution de l’armée de Chanzy. Qu’on aille le dire à M. de Bismarck pour le rassurer.

Après avoir vu vos troupes, faites dans votre pensée le triage de ce qu’il y aura de mieux et disposez-le de manière à porter des coups sûrs si vous aviez à en frapper quelque part. Il ne faudrait pas porter des coups incertains. Comme le nombre sera au-dessus du besoin, il faut faire un choix de ce que vous avez de meilleur, pour n’agir qu’à coup sûr, autant que possible.

Cette lettre est pour le général Vinoy, comme pour vous. Allez le voir tout de suite et dites-lui bien que c’est sur lui et spécialement sur lui que la France compte pour la préserver de l’anarchie.

A vous et à lui de tout cœur.

A. THIERS.


Le maréchal Bazaine à M. Thiers.

Cassel, 8 mars 1871. Monsieur le Président,

M. le comte de Mornay-Soult, mon officier d’ordonnance, aura l’honneur de remettre cette lettre à Votre Excellence ; elle a pour but de lui offrir mes services, s’ils peuvent être utiles à mon pays, dans les circonstances actuelles, et d’exprimer mes sentimens de respect et de dévouement au chef de la République. Votre très obéissant serviteur,

Maréchal BAZAINE.