Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/725

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES CATHOLIQUES ALLEMANDS
ET
L’EMPIRE ÉVANGÉLIQUE


En d’autres temps, qui semblent bien lointains, nous conduisions leur histoire jusqu’à l’instant, glorieux pour eux, où devant eux Bismarck capitula. Nous aimions à les laisser vainqueurs de Bismarck, à saluer en eux le triomphe de la force morale sur la brutalité des lois prussiennes et des lois d’Empire. Dans certains cercles à Berlin, et puis, à Trêves, sur certaines lèvres sacerdotales dignes d’être écoutées, nous surprenions, depuis quinze ans, des murmures d’inquiétude ; et ces murmures signifiaient aux nouveaux dirigeans du catholicisme allemand qu’ils se laissaient égarer et diminuer, insensiblement, par l’usage qu’ils faisaient de leurs succès, et par la méthode qu’ils suivaient pour en jouir. Et visiblement, depuis qu’avaient cessé contre eux les vexations violentes, une courbe se dessinait dans leur histoire. Il ne nous semblait pas que l’instant fût venu de la définir ; nous voulions espérer, encore, qu’elle n’accusait pas un fléchissement des consciences. Nous redoutions une telle conclusion, nous attendions…

La gloire d’un Windthorst couvrait et protégeait ceux qui se présentaient comme ses descendans, — comme ses Epigones, ainsi que l’on dit là-bas ; elle masquait l’oubli dans lequel lentement ils laissaient tomber ses maximes et la tactique subtile par laquelle ils y dérogeaient. « Vous n’avez pas de Windthorst, nous disaient-ils à nous, catholiques de France. Nous voilà, regardez-nous ; nous devons être vos modèles. » Ils avaient