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disait : « Elle (la Chambre) entend veiller à ce qu’en vue de ces opérations, la préparation des moyens offensifs et défensifs, industriels et militaires soit poussée avec un soin, une activité et une prévoyance correspondant à l’héroïsme des armées de la République. » La proposition de résolution traduit : « La mission de contrôle… s’exerce sur l’ensemble des moyens mis à la disposition des armées, notamment état et utilisation des effectifs, fonctionnement des services, armemens, aéronautique, ravitaillemens de toute nature, transports et voies de communication, matériel destiné à l’aménagement du terrain et à la protection des hommes, hygiène des troupes. » L’ordre du jour du 22 juin disait : La Chambre « décide d’instituer et d’organiser une délégation directe qui exercera, avec le concours du Gouvernement, le contrôle effectif et sur place de tous les services ayant la mission de pourvoir aux besoins de l’armée. » La proposition de résolution traduit ou abrège : « La Chambre nomme une délégation directe chargée du contrôle effectif et surplace aux armées de la Républiquev ; » elle ajoute : « La mission de contrôle des délégués est permanente et générale ; » et elle corrige : le concours du gouvernement est ramené et borné à « l’invitation » à lui adressée de « faire assurer aux délégués par l’autorité militaire… le libre et complet exercice de leur mandat. » À ces délégués investis trimestriellement (mais c’est un détail) de « la mission de contrôle permanente et générale, » le ministre de la Guerre délivrera une carte d’identité, dont « l’établissement » remplira et épuisera toute sa collaboration. Du rapprochement de ces trois paragraphes dans le premier et dans le second texte, il résulte qu’en traduisant ainsi l’ordre du jour du 22 juin, la proposition de résolution des 7 et 13 juillet, nous ne disons pas : le « trahit, » — il n’y a point de traditore dans l’affaire, — mais certainement le transpose.

Et voici le sophisme. Il consiste à faire de la formule : « décide d’instituer et d’organiser une délégation directe… » une espèce de prescription impérative, et comme un verset du Coran ; à emprisonner la Chambre dans son vote, tout en renversant le sens du scrutin, ou en le travestissant, ou du moins en le sollicitant tendancieusement, en prenant l’accessoire pour le principal ; à considérer comme acquis que les 444 députés qui, le 22 juin, se sont prononcés pour l’ordre du jour ont exprimé ce jour-là précisément la volonté des 97 qui se sont prononcés contre. C’est plus que l’interprétation, c’est l’exécution par la minorité des intentions ou prétendues intentions de la majorité. Que ne pourrait-on pas dire, à ce propos, de l’inconvénient d’écrire mail Et que de vérité dans cette réflexion : « Si l’ordre du jour avait