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c. A l’impossibilité de faire venir les marchandises d’Allemagne pour renouveler les stocks épuisés ? — 4° Croyez-vous qu’après la paix les anciennes et bonnes relations d’affaires pourront être reprises rapidement ou devons-nous compter sur une vive concurrence ? Pour quelles marchandises ? Et de quelles origines ? »

Ce questionnaire montre les inquiétudes d’outre-Rhin. Ce qu’il ne dit pas, ce sont les efforts des Allemands pour démarquer l’origine de leurs produits. Déjà ils constituent en Danemark et en Suède, avec des hommes de paille originaires de ces pays, des agences de représentation et des sociétés soi-disant danoises et suédoises, dont les patrons apparens ne seront que les commis. En Suisse, des industriels allemands s’établissent sous des raisons sociales anglaises ; obligés qu’ils sont de prendre ce détour, attendu que le gouvernement fédéral interdit l’usage de la dénomination « suisse » aux maisons étrangères établies sur le sol de la Confédération. Ainsi, la société « le Métal Blanc » de Pforzheim (grand-duché de Bade) dont le siège social est à Mannheim — capital 30 millions — s’est installée à Glaris (Suisse) comme White métal manufacturing company, et ses agens, sous une nationalité d’emprunt, visitent à nouveau l’Italie. D’autres achètent des maisons helvétiques connues et stipulent, dans le contrat d’acquisition, que l’acquéreur aura le droit de conserver la raison sociale suisse.

Pour combattre le dumping ordinaire nous avons décidé, de concert avec nos alliés, d’adopter la procédure inaugurée avec succès en 1902 par la Conférence internationale des sucres ; il s’agira cette fois d’annihiler par une taxe compensatrice, non des primes connues mais des avantages occultes. Le bureau futur évaluera la différence entre le cours d’une marchandise allemande en Allemagne et sur les marchés alliés ; et, puisque c’était par exemple en Italie que la métallurgie allemande jetait ses produits au plus bas prix, la différence entre la valeur de la tonne d’acier en Italie et le prix de la même tonne en Allemagne servirait de base au taux ou droit de dumping à imposer dans tous les pays de l’Entente sur l’acier allemand.

Une loi de ce genre fonctionne déjà au Canada pour toute marchandise vendue au-dessous du prix normal et la Federal Trade commission en prépare une aussi aux Etats-Unis. Pour exporter chaque année de par le monde un milliard de francs