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perchoir, ne devinaient que confusément leur caractère d’animaux sacrés. Mais je suis sûr que, dans tous les cœurs, l’appel à la gloire, lancé par le poète, avait des résonances profondes. Ils sont trop nombreux, trop vigoureux, trop environnés d’enfans, trop gonflés de jeune sève, pour n’avoir pas un frénétique appétit d’expansion et de conquête. Déjà ils se sont répandus sur tous les chemins du monde, en quête du pain et de l’or des nations. Demain, ils voudront davantage. Or, ces conquérans ont la haine des Monstres et des Barbares. Dans la lutte contre « l’Age noir, » ils savent qu’ils ont tout près d’eux des alliés et des frères d’armes. Ils se tournent vers nous avec confiance, avec l’infaillible pressentiment que nos destinées sont communes et que le partage des périls n’est que le prélude d’un autre partage plus intime…

Le soir tombait dans un ciel limpide, sans un nuage. Et, devant ce crépuscule, annonciateur d’une journée radieuse, où se dressait la magnificence des édifices couronnés de statues, je sentais non seulement resplendir dans la conscience italienne les affirmations fraternelles du présent, mais se lever les promesses de l’avenir, — l’idée de plus en plus impérieuse et précise de l’alliance définitive et de l’unité latine.


Louis BERTRAND.