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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




C’est elle, cette fois, nous ne disons pas précisément : « la grande offensive, » nous n’en savons rien, mais l’offensive générale, l’action concertée. Car, cette fois, les choses se passent presque comme si le commandement était unique, et il n’y a pas de doute que l’action n’ait été concertée entre les Alliés. Est-ce à la Conférence même de Paris, et dès le mois de mars, puisqu’il faut à ces vastes mouvemens de longues préparations ? Est-ce depuis lors, en quelque réunion moins exposée aux regards ? Il n’importe qu’à la curiosité, heureusement rétrospective, des journaux de la Mitteleuropa. L’essentiel, pour le présent et pour l’avenir, est que ce qui est déjà fait, ce qui se fait et ce qui va suivre ait été délibéré, arrêté, préparé, exécuté, d’un seul mot voulu en commun. S’il n’y a pas eu une concordance mathématique entre l’offensive russe, la contre-offensive italienne, l’offensive anglo-française, la raison en est qu’à de telles distances, sur une ligne qui couvre plusieurs milliers de kilomètres, de Nieuport à Belfort, du val Lagarina à Monfalcone, puis à Vallona, puis à Salonique et à la Strouma, de Riga au bas Danube, puis au Caucase, puis à l’Euphrate, puis au golfe d’Aden, il est impossible que le déclenchement soit absolument simultané. Comme l’incendie, cette bataille, où l’univers brûle, gagne de proche en proche.

La quinzaine précédente avait appartenu encore à la coalition de l’Europe centrale, qui, dès le début de la guerre, avait pris l’initiative de la manœuvre, et qui, sauf accident, n’avait cessé de la garder. Nous avions vu de nouveau des assauts furieux, et plus furieux que jamais, poussés alternativement de droite et de gauche contre les avancées de Verdun ; l’armée du Kronprinz tâchant de s’ouvrir un chemin à grands coups d’épaules, tantôt l’une, tantôt l’autre, vers le cœur de la place emphatiquement proclamé « le cœur de la France; » s’interrompant, non pas pour réparer des pertes qui ne se répareront plus,