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CHEZ NOS AMIS DE L’AUTRE FRANCE

On sait avec quel loyalisme le Canada, dès le début de la guerre, a répondu à l’appel de l’Angleterre. Aucun sacrifice ne lui a coûté, ni en hommes, ni en argent, pour soutenir la cause des Alliés qui est la sienne.

J’ai eu l’occasion de visiter Ottawa, Montréal et Québec, alors que les soldats du Dominion combattaient déjà en Artois ou dans les Flandres à côté des nôtres. J’avais été invité par la Fédération de l’Alliance Française à donner des conférences aux États-Unis et au Canada. Mon voyage a été rapide, et les impressions que j’en ai rapportées sont sans doute bien incomplètes. Du moins sont-elles vives et profondes. En y joignant de nombreux témoignages qui me sont venus de là-bas depuis mon retour en France, peut-être me sera-t-il possible d’esquisser la physionomie du Canada pendant la guerre, et de rendre à nos frères d’armes, — j’allais dire à nos frères tout court, — l’hommage auquel ils ont droit.


I

Quand je suis parti de New-York pour Ottawa, j’étais depuis plusieurs semaines aux États-Unis. J’y avais trouvé un inoubliable accueil. Les groupes de la Fédération sont dès longtemps acquis à notre cause, et partout où j’avais passé j’avais vu se manifester une si chaude, si vibrante sympathie pour la France, qu’en plus d’une occasion j’en avais été véritablement ému. Je ne crois pas avoir pénétré dans une maison sans y voir en bonne place le portrait du général Joffre. Il ne faut pas se lasser de répéter qu’aux États-Unis non seulement toute l’élite intellectuelle, mais beaucoup d’humbles et pauvres gens sont