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Christ Church n’offre pas un aspect moins inattendu. Le vaste collège donne l’hospitalité aux officiers et aux élèves de l’école d’aviation. Il n’y a pas lieu d’insister ici sur l’organisation tout à fait remarquable de cette école, non plus que sur les ateliers qui ont été installés pour elle dans le spacieux bâtiment des laboratoires de l’université. Mais il sera permis du moins de louer l’esprit si net et si pratique avec lequel a été réglé, pour les futurs aviateurs, cet apprentissage de six mois qui les rend familiers avec tous les détails, avec toutes les exigences de leur tâche.

Une semblable discrétion s’impose pour une autre partie, et non la moins importante, de l’œuvre de guerre des universités anglaises. « Je ne suis point autorisé, écrivait dans un rapport le vice-chancelier de l’Université de Londres, à entrer dans les détails relatifs aux services spéciaux qui ont été rendus par beaucoup d’entre nous. Mais je puis dire qu’ils constituent une œuvre de la plus haute importance, aussi bien pour la conduite directe de la guerre, que pour le soutien des industries nationales qu’elle a affectées. J’espère que plus tard il sera possible de rendre compte de la nature et de la grandeur de l’œuvre qui, durant la crise, a été accomplie par les universités pour l’Empire. On reconnaîtra alors, encore plus pleinement qu’à présent, combien elles sont un élément essentiel dans notre organisation nationale. » Qu’il s’agisse de recherches de laboratoire, servant directement à l’œuvre de guerre, ou d’études destinées à assurer à l’industrie anglaise, pour le temps qui suivra la guerre, les procédés et les secrets possédés jusqu’ici par la seule Allemagne, il est aisé d’entrevoir tout ce qu’ont fait, dans cet ordre de choses, les universités anglaises. Elles ont aussi, avec cet esprit pratique qui est l’un des traits caractéristiques de l’Angleterre, organisé dans leurs ateliers de mécanique des cours spéciaux où se forment en trois mois des ouvriers de munitions ; et il est intéressant de noter que ces cours sont fréquemment suivis par des hommes assez âgés, appartenant à la classe bourgeoise et aux professions libérales : tant est grand, à l’heure actuelle, chez tout Anglais, le désir de servir, où que ce soit, le pays. Dans les jeunes universités surtout de l’Angleterre du Nord, récemment fondées dans de grandes villes industrielles, ce côté de l’activité intellectuelle a pris une place particulièrement importante. Dans la notice