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raison, des minerais de Normandie ou de l’Anjou. Ils constituent un appoint annuel d’environ 1,2 millions de tonnes, qui est destiné à s’accroître. Ils nous sont précieux, comme le sont, par leurs qualités spéciales de pureté et de richesse, les 370 000 tonnes fournies par le groupe pyrénéen ou les 1,2 millions de tonnes d’Algérie. Actuellement surtout où le bassin lorrain est réduit pour nous par l’invasion à la seule région de Nancy, nous sentons l’avantage de posséder tous ces autres gisemens qui nous permettent de réduire nos importations coûteuses d’acier étranger, anglais, américain ou suisse. Il n’en est pas moins de la dernière évidence que les mines de Lorraine constituent, pour le fer, notre richesse principale, et c’est elles qui nous ont permis, dans ces dernières années, d’augmenter, dans une très large proportion, nos exportations de minerais, sinon encore de produits fabriqués. C’est ainsi qu’en 1912 nous en avons exporté 8 millions de tonnes, dont 2 millions en Allemagne et Luxembourg, alors que, cette même année, l’Allemagne, malgré ce qu’elle possédait du même gisement en territoire annexé, était obligée d’importer (balance faite des importations et exportations) 11 millions de tonnes de minerais.

En même temps, notre production de fonte passait en dix ans (1902-1912), de 2,4 millions de tonnes à S millions : la part proportionnelle de Meurthe-et-Moselle sur ce total s’accroissant pourtant de 60 à 74 pour 100. En 1912, Meurthe-et-Moselle a produit 3,4 millions de tonnes de fonte ; le Nord et le Pas-de-Calais 0,8 ; tout le reste 0,8. Du même coup, notre production d’acier s’élevait de 1,6 millions de tonnes à 4, 4 et il serait facile de constater des progrès analogues dans toutes les industries de construction ou d’élaboration qui utilisent le fer. Il y a longtemps qu’on a comparé la métallurgie du fer à un baromètre de la prospérité industrielle.

Cet essor, dont nous sommes fiers, nous laissait encore loin en arrière de nos voisins, puisque nous atteignions seulement 5 millions de tonnes de fonte, quand ils arrivaient à 16 et bientôt à 19 millions. Il n’en est pas moins vrai qu’ils étaient déjà et allaient devenir de plus en plus les tributaires de leurs vaincus pour une matière première aussi essentielle. Le remède à une telle situation paraît simple, quand on se croit le plus fort et que l’on n’est arrêté par aucun scrupule. Ce ne fut naturellement pas la seule cause de leur agression criminelle ; mais ce