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d’une autorité commune. Mais toujours la crainte de se lier l’a emporté sur la volonté de s’unir, ils se sont défendus des plus légitimes engagemens comme d’une dépossession, et toutes les tentatives faites pour amoindrir leur arbitraire ont prouvé qu’ils tenaient à leur arbitraire comme à l’essentiel de leur souveraineté. Il n’est pas probable que leurs volontés se donnent jamais un tuteur, et, fait selon leurs vœux, il n’aurait ni prestige, ni permanence, ni autorité ; mais son avènement, sa stabilité, sa puissance peuvent être l’œuvre de la nature. Elle ne saurait préparer un changement plus fécond et plus légitime que si elle rompt entre les États l’équilibre conservateur d’anarchie, pour remettre à l’un des peuples les dons avec les signes du commandement. Et douter qu’elle prépare les évolutions faites pour rendre certain et durable le progrès utile à l’univers serait prétendre que le destin de l’univers appartient au hasard. Tôt ou tard donc, une race choisie pour compléter la civilisation présentera, comme preuves de sa tâche, ses mérites. Le jour où cette race deviendra sans égale, les temps seront proches pour la dernière transformation de la société. Dès lors, le devoir impérieux s’imposera à cette race de hâter son avènement, de donner, par ses desseins, ses vertus, son savoir, ses méthodes et ses goûts, une direction aux peuples, de mettre toutes leurs activités obéissantes au service d’une pensée maîtresse. Quelle économie d’efforts, quelle fécondité de résultats, quelle transformation du monde quand, au lieu de se combattre au profit de leurs égoïsmes contradictoires, les peuples serviront de leurs forces unies et dociles les plans conformes à l’intérêt du genre humain ! C’est pourquoi la race capable de former ces plans n’a pas le droit de se montrer patiente aux indépendances qui entretiennent les anarchies. S’il est souhaitable que les peuples acceptent de bon gré le progrès, il est nécessaire que le progrès s’accomplisse, et, plus vite le genre humain obéira, plus vite il sera heureux. La race éducatrice, par cela seul qu’elle sera la plus parfaite, sera la plus féconde et la plus saine, et comme à ses supériorités du corps elle joindra les supériorités de l’esprit, elle n’aura pas de rivaux dans la puissance militaire. Elle a le devoir strict de contraindre par cette puissance tous ceux qui lui résistent. Comme leur avantage est inséparable de sa suprématie, plus vite elle les contraint, mieux elle les sert, et tout ce qui est efficace est légitime.