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REVUE SCIENTIFIQUE

UN PEU D’AÉROTECHNIQUE

Ce nom d’aérotechnique, qui n’est, je crois, pas encore dans le Dictionnaire de l’Académie, mais qui dans la prochaine édition trouvera à n’en pas douter une place méritée par sa neuve importance, ce nom est celui dont les physiciens ont convenu d’appeler l’étude scientifique de l’aéronautique. Cette science nouvelle n’en est guère encore qu’à ses premiers vagissemens, mais il convenait que, pareille aux nouveau-nés sur qui toute une lignée fonde de fabuleux espoirs, ou la baptisât dès l’abord d’un beau nom solennel emprunté aux racines grecques. On a disputé et on dispute encore beaucoup sur le point de savoir si l’aviation est une création de la science. Non, affirment, les uns, car, disent-ils, les savans n’ont cru à l’aéroplane que lorsqu’il a été réalisé, car cette réalisation est due à des expérimentateurs et non à des théoriciens, car enfin, une foule de faits, comme les cabrioles d’un Pégoud, ont paru délier et contredire même les prévisions de la théorie. Oui, disent les autres, — car la théorie complète de l’aéroplane a été faite il y a un siècle par Cayley, et les réalisateurs n’ont fait que se conformer à ses données et à celles de ses successeurs.

Comme toujours, hélas !… ou presque, lorsqu’il s’agit des doctrines humaines, il y a du vrai dans l’une et l’autre de ces opinions. Il est certain que l’aéroplane n’est pas sorti tout armé du sein de la théorie, comme jadis Minerve du cerveau jovien, ou, pour prendre une comparaison moins mythologique, comme naguère la