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nécessité impérieuse de promptes résolutions. Nous sommes étonnés de voir la Commission du budget rejeter en bloc les propositions ministérielles qui étaient empreintes d’une grande sagesse, notamment en ce qui concerne les impôts de consommation. Il est évidemment pénible de majorer en ce moment le prix du tabac, les droits sur le sucre et sur les boissons, mais ces élévations ne feraient, dans la plupart des cas, que nous rapprocher d’un niveau de taxation qui a existé antérieurement et qui serait encore loin d’être atteint.

Les membres du Parlement hésitent encore à demander des sacrifices à leurs électeurs. Ils ont tort de ne pas compter sur la clairvoyance et le patriotisme des Français. Qu’ils réfléchissent à l’abnégation sublime avec laquelle toutes les familles du pays donnent ce qu’elles ont de plus précieux au monde, leurs enfans, pour le salut public, et ils seront rassurés sur l’accueil que trouveront des mesures fiscales indispensables. Il n’est personne qui ne soit prêt à fournir au Trésor sa part des milliards dont la France a besoin. Tout ce que nous demandons, et ce que nous avons le droit de demander, c’est, d’une part, que les charges de l’impôt soient réparties avec sagesse et justice ; d’autre part, que notre argent soit employé avec intelligence, discernement, méthode, de façon à donner le maximum du résultat utile et à hâter la victoire de nos armes et de celles de nos Alliés.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.