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I

Les crédits demandés s’élèvent à 7 891 millions pour le budget général et 620 millions pour les budgets annexes. Afin de préciser les idées du lecteur non familiarisé avec les complications de la comptabilité publique, rappelons que ces budgets annexes sont les suivans : au ministère des Finances, la fabrication des Monnaies et médailles, l’Imprimerie nationale ; au ministère de la Justice, la Légion d’honneur ; au ministère de la Guerre, le service des Poudres et salpêtres ; au ministère de la Marine, la Caisse des invalides de la marine ; au ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et Télégraphes, l’Ecole centrale des arts et manufactures, la Caisse nationale d’épargne ; au ministère des Colonies, les chemin de fer et port de la Réunion ; au ministère des Travaux publics, les chemins de fer de l’Etat. Ces derniers réclament 164 millions ; les poudres, 430 millions : c’est-à-dire qu’à eux seuls ces deux chapitres absorbent la presque totalité des budgets annexes. Des 7 891 millions qui sont affectés aux services généraux des ministères, 6 280 vont à la Guerre et 193 millions à la Marine, soit ensemble plus des quatre cinquièmes du total. Dans ce tourbillon de milliards, les autres ministères, dont les exigences nous paraissaient souvent excessives en temps de paix, passent au second plan.

La Dette publique, qu’on peut en majeure partie considérer comme une dépense de guerre, est inscrite pour 686 millions ; le ministère de l’Intérieur, chargé des allocations qui prennent leur source dans les événemens actuels, pour 203 : ce sont les deux gros chiffres des services civils. Quand on réfléchit qu’il faut les multiplier par 4 pour se rendre compte de leur importance annuelle, on ne laisse pas que de mesurer avec un certain effroi le chemin parcouru depuis deux ans. Avant la guerre, nous avions un budget en apparence de 5, en réalité de 6 milliards : les crédits demandés aujourd’hui correspondent à un chiffre annuel de 34 milliards. En les supposant votés, le total des crédits ouverts depuis le 1er août 1914 jusqu’au 30 septembre 1916, c’est-à-dire pour vingt-six mois de guerre, s’élève à 52 milliards et demi. La dépense mensuelle a été en progressant : elle était de 1 300