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Elle comprenait, en septembre 1915, la valeur de quatre corps ; elle est réduite à trois, ayant donné le XVIIIe corps pour l’attaque du 21 février devant Verdun. Elle est aujourd’hui composée au Nord, sur les plateaux, par la LIIe division ; sur l’Ancre, par le XIVe corps de réserve ; sur la Somme, par le VIe corps ; enfin, du Sud de la Somme jusqu’à Chaulnes, par la Xe division bavaroise.

Enfin, il y avait, au début d’avril, derrière la IVe et la VIe armées, un certain nombre de divisions au repos : la CXXIIIe au Sud de Bruges, Ia LIIIe et la CXVIIe sur la Lys, la LIVe au confluent de la Lys et de l’Escaut, à Gand ; beaucoup plus au Sud, un autre groupe était formé par le XXIIe corps à Valenciennes et deux divisions de la Garde à l’Est de Cambrai.


X

Telles sont les conditions sur cet échiquier du Nord où il est inévitable qu’une formidable partie s’engage. Il faut ajouter qu’elle s’engage en potence sur le flanc droit des armées allemandes du Soissonnais et de Champagne. L’armée du prince de Bavière, constituée en masse de sûreté, est établie comme un barrage couvrant Lille, la plaine de Douai et l’Oise. Une rupture de ce barrage mettrait toutes les autres armées allemandes dans une situation extrêmement difficile. Pour obtenir cette rupture, les armées françaises et britanniques ont déjà livré deux grandes batailles. Que sera la troisième ?

Du Nord au Sud, les armées ennemies sont établies sur un vaste dos d’âne. Le sommet en est constitué, à peu près à la hauteur du point où se joignent les armées françaises et anglaises, par un plateau, lieu de sources d’où les eaux rayonnent en tous sens, la Somme à l’Ouest, l’Oise au Sud, l’Escaut au Nord, la Sambre au Nord-Est. Le moyeu de cette roue coïncide avec le nœud de voies ferrées de Busigny, d’où les lignes divergent en étoile sur Maubeuge, sur Valenciennes, sur Cambrai, sur Saint-Quentin, sur Hirson. L’œuvre des hommes s’est posée comme un calque sur l’œuvre de la nature.

De cette région centrale, les lignes allemandes s’abaissent, au Nord et au Sud, dans des bassins opposés ; au Nord, c’est la plaine de Douai et de Lille, tributaire de la mer du Nord ; au Sud, c’est l’Oise, inclinée vers le réseau de la Seine. — Dans les deux premières batailles d’Artois, notre mouvement s’est fait