Le fond de l’ancien golfe marin est à Dixmude ; mais les conditions tactiques ne changent guère jusqu’aux abords d’Ypres. Le front quitte le chemin de fer trois kilomètres environ avant Dixmude, et faisant une saillie d’un kilomètre vers l’Est vient atteindre la rivière canalisée de l’Yser, qu’il longe désormais. Cette saillie est sous la protection du poste avancé de Stuyvekenskerke.
Le front passe ainsi devant Dixmude, qui est aux Allemands depuis le 10 novembre 1914. A Knocke, il quitte l’Yser pour suivre le canal de l’Yser à Ypres. A Steenstraete, une division française succède aux Belges. C’est toujours la même région basse, plate, où l’eau affleure. Les Allemands, établis sur la rive orientale du canal, sont dans une condition un peu meilleure, leur rive dominant légèrement la nôtre. Mais c’est un secteur très difficile à tenir pour tout le monde. Il est de plus très abondamment arrosé d’obus par l’un et l’autre parti. Les photographies faites du haut des avions montrent les abords du canal criblés de trous comme un paysage lunaire ; comme il est à peu près impossible de creuser le sol, on juge de la difficulté des relèves. C’est une partie du front dont on ne peut approcher que la nuit.
En face de Boesinghe, les lignes décollent du canal pour se bomber vers l’Est. On entre dans le saillant d’Ypres et bientôt dans la zone des armées britanniques.
Sur la carte, Ypres, au fond d’une cuvette, à 20 mètres d’altitude, est au centre d’une ceinture de collines qui culminent à 60 mètres. Mais là comme en beaucoup d’endroits, les conditions du terrain ne se conforment pas rigoureusement aux données de la carte. Le caractère boisé du pays ôte beaucoup d’importance aux points dominans. L’avantage de ces points est en effet de donner des vues, et les couverts ont pour effet de les supprimer. Pendant la grande bataille de novembre 1914, le général Foch suivait l’action du haut de la tour de la Halle. Il n’avait devant les yeux qu’une mer d’arbres, où les troupes étaient invisibles.
C’est sur ces collines qui enveloppent Ypres du côté de l’Est que le front est établi, constituant une sorte de demi-cercle. Les