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LE FRONT BRITANNIQUE
ET
LES FRONTS VOISINS

Les masses allemandes en France sont réparties en deux grands groupes. L’un, sous les ordres du Kronprinz, est devant Verdun ; il menace ce qu’on peut appeler la branche orientale des lignes françaises. L’autre, qui a pour noyau l’armée du Kronprinz de Bavière, est opposé entre l’Yperlée et la Somme aux forces britanniques. Cette armée, qui a derrière elle des troupes au repos, n’a pas été dégarnie pour l’offensive du 21 février sur Verdun ; les armées voisines, qui avaient fourni des corps pour cette offensive, en ont reçu de nouveaux pour combler leurs vides. Ce n’est que très tard, et visiblement à contre-cœur, que les Allemands ont commencé à y puiser pour nourrir les combats sur la Meuse. Il y a donc là une masse allemande très puissante, intacte, désireuse sans doute de venger l’échec de Verdun ; quand elle aura été mise hors de cause, la destinée de la guerre sera définitivement fixée sur le front français.

On peut dire que le dernier noyau des forces allemandes est là. Sur le front russe, il n’y a plus qu’un rideau de 49 divisions, entre la Baltique et le Pripet, tenant le front à une densité de moins d’un homme par mètre courant. En Serbie, il restait en avril 1916 deux divisions allemandes seulement, la 101e et la 103e, une autre encore peut-être. D’autre part, les troupes engagées devant Verdun doivent être considérées comme dépensées ; quelques-uns des corps qui en font partie sont à ce point