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L’APOTRE DES INDES ET DU JAPON

FRANÇOIS DE XAVIER

III [1]
DE GOA AUX ILES MOLUQUES


VI. — LES JOURS DURS COMMENCENT

Il ne suffisait pas de conquérir des âmes : il fallait organiser la conquête. Les catéchistes que François laissait dans les villages convertis, dépositaires des prières traduites, n’avaient aucune autorité. Il soupirait après la venue de Micer Paul et de Mansilhas. Ils avaient dû, depuis longtemps, débarquer à Goa ; et, bien qu’on sût qu’il les attendait, on ne se hâtait point de les lui envoyer. On mettra souvent beaucoup de nonchalance à lui obéir. En décembre 1543, toujours sans nouvelles, il retourna à Goa, où il trouva ses deux compagnons installés au collège de Sainte-Foi. L’Evêque avait eu besoin d’eux et les avait gardés. Une cruelle épidémie s’était abattue sur la ville. Le gouverneur avait fait taire les cloches de la cathédrale qui sonnaient trop de funérailles. Le clergé n’avait point chômé. Mais il s’était plus occupé des morts que des vivans qui sont moins commodes ; et sans doute le fléau avait encore démoralisé la population. François laissa Paul à Sainte-Foi : il prit avec lui

  1. Voyez la Revue du 15 février et du 15 mars.