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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le fait caractéristique de la dernière quinzaine, qui déjà s’ébauchait dans la précédente, a été la reprise ou le redoublement de l’offensive ennemie sur tous les théâtres de la guerre. Ce sursaut général d’activité, ce revif simultané du corps germanique et de ses pattes ou de ses antennes, était-il impossible de le prévoir ? N’est ce pas, au contraire, en un certain sens, une suite logique, un aboutissement de la conférence solennelle que les Alliés tinrent à Paris, à la fin de mars, et des résolutions qu’ils annoncèrent ? Qu’une telle réunion ait eu lieu, c’était, nous l’avons noté sur-le-champ, un événement de l’histoire, et, pour notre cause, un événement de toute manière excellent en soi, mais qui prendrait surtout une valeur positive par les conséquences qu’on lui ferait porter. Rien d’étonnant à ce que nos. adversaires, nous devançant, s’efforcent d’en couper l’effet. Autrefois la première qualité recommandée au Prince était le secret, et la seconde, la connaissance de l’occasion. Assurément, l’État a bien changé ; tout y est maintenant public, le secret est difficile et les occasions s’éventent. Il reste pourtant à savoir si ces maximes d’État ne sont pas immuables, et si ces vertus d’État ne sont pas toujours nécessaires, quoique plus malaisées à pratiquer. « Ne menace pas, disait la sagesse politique de l’ancienne école, quand tu te prépares à frapper ; car, en menaçant, tu invites ton ennemi à se garder et tu l’excites à te frapper toi-même. » En style moderne : « Taisons-nous ! Méfions-nous ! » L’avertissement est bon pour les gouvernemens comme pour les foules. Nous parlons trop. A tout le moins, si nous ne pouvons plus être secrets, soyons discrets, et si nous ne savons plus saisir l’occasion, ne nous prêtons pas à ce qu’elle se retourne contre nous.

C’est le dimanche 14 mai que s’est dessinée l’offensive autrichienne. Elle n’a été une surprise pour personne en Italie, ni pour le