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REVUES ÉTRANGÈRES

UN NOUVEAU « ROMAN DE GUERRE » ANGLAIS


Let Priest and People weep ! par Richard Shanahan, un vol. in-18, Londres, librairie Gay and Hancock, 1916.


Francorchamps est, — ou plutôt était, car Dieu sait quels pitoyables vestiges en subsistent désormais ! — un gros village wallon de la frontière allemande, tout proche de cette ville de Stavelot par où ont pénétré en Belgique, le 4 août 1914, les troupes prussiennes du camp d’Elsenborn. C’est dans ce village qu’était venue naguère se fixer la très honorable famille des Simonnet, après s’être heureusement enfuie de sa cité natale de Malmédy, située de l’autre côté de la frontière et soumise, depuis tout juste un siècle, à la domination prussienne. Les Simonnet s’en étaient enfuis pour échapper aux vexations de toute nature dont les accablait l’autorité allemande, en punition, tout ensemble, et de leurs propres sympathies envers la Belgique et de la conduite de leur unique fils, qui, désertant son poste à bord de l’un des cuirassés de la marine de guerre impériale, était allé notoirement s’engager dans l’artillerie belge. Si bien que l’un des premiers soins du colonel Wagner, le matin du 8 août 1914, tout de suite après son arrivée à Francorchamps, — où il avait reçu l’ordre de « faire un exemple » qui eût de quoi inspirer une épouvante salutaire aux populations du pays wallon, — avait été de s’enquérir de la maison habitée par le vieux Martin Simonnet et sa fille Louise, qui s’était encore exposée récemment aux tenaces rancunes de l’Allemagne en épousant l’un des plus zélés « patriotes » de la région.