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a été une défaite pour notre artillerie lourde. Alors que les troupes occupent la même position depuis une semaine, il n’est pas admissible que l’artillerie tire trop court et encore pendant toute une journée. Cela témoigne d’une grande indifférence de ces messieurs.

10 mars. — À midi, nous devions faire assaut. En raison d’un violent Trommelfeuer des Français, l’assaut a dû être retardé. Très lourdes pertes pour notre régiment. Dans la nuit, nous sommes relevés, il était grand temps, car sinon tous les hommes seraient devenus fous dans ce « trou de sorcier. »

Le soldat E…, du 6e Leib. Gren. Rgt., pendant ce temps, se morfond sous nos obus en arrière de Vaux. Il n’a pas pris part à l’assaut du fort, mais on lui a raconté que la division voisine avait pris et perdu le fort de Vaux. Le malheur est que nous n’ayons pas, — et pour cause, — la lettre d’un soldat de cette fameuse division Guretsky, datée du fort de Vaux, et cependant toute l’Allemagne, sur la foi d’un communiqué mensonger, s’entêtera à affirmer qu’elle est entrée dans le fort.


Devant Verdun, 10 mars.

« … Depuis hier matin, il y a beaucoup de neige ; elle arrête tout et ralentit les opérations devant Verdun. Nous ne sortons pas du froid, de la pluie, de la neige, de la boue et nous campons à la belle étoile… En outre, nous sommes constamment sous un feu intense d’artillerie qui fait chaque jour bien des victimes, car nous n’avons ni tranchées ni abris. Jusqu’à présent, nous avons été en deuxième ligne. Ce soir, nous passons en première ligne. Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans notre artillerie lourde. » Et voici où le canard s’envole : « Hier matin, notre autre division avait pris le fort et le village de Vaux, mais elle a dû les évacuer parce que (admirons l’explication) notre artillerie tirait dedans sans arrêt. »

L’Oberleutnant du 7e Rés. a, lui, été sur la croupe de Vaux, mais il ne parle pas de la prise du fort — naturellement.

« 11 mars. — À trois heures, départ pour la position devant le fort de Vaux. Au lever du jour, nous occupons la position qui était tenue par le 6e régiment. Le fort est à 200 mètres en avant de notre ligne. La position se compose de trous qui sont réunis entre eux…