indéniables, on a défendu aux hommes d’écrire. Les carnets, aujourd’hui, sont peu nombreux, secs et sans grand intérêt.
En voici cependant quelques-uns entre nos mains. Ils nous livrent quelques impressions de bataille, — un peu brèves. On y trouve plus de résignation que d’élan.
Lisons le soldat R… de la 9e compagnie du 64e :
« 9 février. — De grandes et pénibles choses se préparent. Dieu nous ait en sa garde.
12 février. — L’attaque ne se fera pas aujourd’hui à cause du brouillard qui est mauvais pour nous.
13 février. — L’attaque a été remise encore une fois. Vers 17 heures, feu violent de l’artillerie française. Les déserteurs ont dû trahir nos projets.
14 février. — Donc cette offensive n’aura pas lieu ; elle a été déjouée. On s’en aperçoit en observant les officiers qui se remettent à gueuler, alors qu’auparavant ils se tenaient silencieux et pâles dans les abris.
17 février. — Violens tirs d’artillerie. Nous sommes terrés dans nos abris et nous parlons du pays… Ah ! la paix ; tous nous avons assez de cette vie. Il pleut tous les jours ; on ne peut pas se sécher.
20 février. — Le feu augmente de violence aujourd’hui : jusqu’à 600 obus de gros calibre en une heure et demie. Nos abris et nos tranchées sont bouleversés.
22 février. — Ce soir, nous attaquons ; ce sera chaud, mais il faut que ce soit. Dieu nous protège ! »
Voici le carnet du soldat X…, compagnie de mitrailleuses du 87e :
« 21 février. — Déclenchement de l’offensive sur le front occidental. Toute la journée Trommelfeuer : à 6 heures du soir, assaut. Les Français se défendent vaillamment.
22 février. — Le matin Trommelfeuer. À midi, assaut des 1er et 2e bataillons.
23 février. — Nous sommes en réserve en arrière de la 3e position française. Nous passons la nuit dans l’entonnoir d’un obus de 21 centimètres et mourons presque de froid.
………………………
26 février. — Mort de notre commandant de régiment. Nous occupons la hauteur devant Bras.
29 février. — Relève. »