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jours qui existe entre les deux calendriers, d’Occident et d’Orient. Elle a attaqué brusquement à la fois sur Olty, Tortoum et Kepri-Keuï. Le 19 janvier, les Turcs, pris de panique, fuyaient par les routes qui convergent à Erzeroum, abandonnant blessés, prisonniers, armes, munitions. Les Cosaques les pourchassaient de si près qu’ils arrivèrent en même temps qu’eux sur les glacis des forts d’Erzeroum. La déroute du centre fut si brusque et l’attaque d’Erzeroum si rapide que les fractions de l’armée turque qui se trouvaient aux ailes ne purent revenir sur Erzeroum et durent faire retraite, au Nord par la vallée du Tchorok sur Baibourt, au Sud par Mouch.

Les Russes débouchèrent sur Erzeroum en trois colonnes, au Nord et à l’Est, par les routes d’Olty et de Kars, et au Sud par le défilé de Palanteken.

L’assaut fut immédiat. La colonne du Nord enlevait les forts Kara-Sulek et Tafta, et tournait ainsi les défenses du Devé-Boïnou. L’attaque du centre emportait les forts Graz, Topolaki, Aksi-Tchaka, Siwchli, tandis que celle du Sud abordait le Palanteken. On doit reconnaître que la garnison se défendit avec acharnement ; elle fit d’énergiques contre-attaques sur les marais glacés du Kara-sou et sur les pentes du Palanteken. Mais, comment résister à ces soldats russes qui dévalaient des montagnes en se laissant glisser assis sur la neige à toute vitesse, comme s’ils tombaient des nuages ?

Une habile manœuvre de la colonne du Nord enveloppa les Turcs qui résistaient dans la plaine. Puis l’assaut est donné à la troisième ligne des forts. Partout les drapeaux russes apparaissent, sur le Devé-Boïnou comme sur le Palanteken. Les Cosaques entrent à Erzeroum, traversent la ville, et se jettent à la poursuite des débris de la garnison et de la troisième armée, qui s’enfuient par les chaussées de Baïbourt et d’Erzindjian.

Il est à remarquer qu’Erzeroum n’a pas capitulé. La place fut évacuée par les divisions turques décimées. Elle ne put être investie. Mais le butin fut énorme. Non seulement presque tout l’armement du camp retranché tombait aux mains des Russes, mais la troisième armée turque perdait à peu près toute son artillerie de campagne et laissait un très grand nombre de prisonniers.

La 34e division était à peu près anéantie.

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