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des députés de Paris, qui venaient exprimer au barreau leur reconnaissance pour l’assistance ainsi prêtée à la population parisienne. L’Ordre des avocats a trouvé dans cette démarche une récompense pour le passé et un encouragement pour l’avenir. Au 1er janvier 1916, le nombre des consultations s’élevait à 112 500. Six bureaux, composés de deux avocats au moins, n’ont cessé de se réunir chaque après-midi, et les membres du Conseil de l’Ordre se sont entendus pour que chaque jour l’un d’eux présidât au service.

Pour se montrer digne de la reconnaissance qui lui a été témoignée, l’Ordre ne doit pas commettre d’ingratitude ; et c’en serait une que de ne pas ajouter que, si le barreau a pu apporter, dans la mesure de ses forces, sa part contributive d’assistance aux épreuves parisiennes, l’honneur en revient surtout au bâtonnier Henri Robert, dont l’esprit d’initiative est demeuré sans cesse en éveil, dont toutes les conceptions ont été généreuses, dont l’activité a été inlassable, et qui, pour le seconder, a trouvé un incomparable agent d’exécution, ayant droit à l’honneur puisqu’il a participé à la peine, chef d’état-major ponctuel, assidu et fidèle. Ecrivons son nom, c’est de simple justice : M. Achille Raux.


Nous avions d’autres devoirs. Nous nous sommes efforcés de les remplir. Notre confraternité s’est trouvée en effet soumise à une assez difficile épreuve ; nous avons dû conjurer une crise financière.

L’Ordre des avocats de Paris a une réputation dangereuse : on le croit riche. La vérité, dont il n’a pas à se cacher, est qu’il boucle péniblement son budget. Ses recettes normales consistent en cotisations annuelles versées par ses membres. En y ajoutant les revenus de son modeste patrimoine, il peut, sans perdre l’équilibre, assurer ses services administratifs de secrétariat et de bibliothèque et alimenter sa caisse de secours et de pensions. La guerre a affolé nos balances : le plateau des recettes s’est enlevé avec la légèreté ‘un avion, le plateau des dépenses sous une lourde charge a piqué à terre.

Ce double résultat s’explique trop bien.

Le recouvrement des cotisations ne pouvait décemment s’opérer sur les mobilisés. Il y a dans la tranchée quelques