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LE BARREAU DE PARIS
PENDANT LA GUERRE

Une triple cérémonie consacrée par le Barreau de Paris à la mémoire de ceux de ses membres tombés au champ d’honneur a rappelé sur le Palais de Justice une attention qui, depuis bientôt deux ans, en avait été détournée par l’irrésistible force des événemens.

Le 22 mai dernier, à quelques minutes d’intervalle, le Cardinal Archevêque de Paris et le Président de la République gravissaient les marches de nos escaliers. Le prince de l’Eglise accueillait en la chapelle de Saint-Louis le chef de l’Etat, leurs mains s’unissaient et se serraient. Ensemble ils s’avançaient vers l’autel, leurs deux cortèges se suivant de si près qu’ils se fondaient presque en un seul. Puisque le Palais de Justice a fourni le terrain de cette rencontre, puisqu’il a été le théâtre de cette manifestation de concorde et de paix, l’heure semble favorable à une esquisse rapide de ce que fut, au moins pour le Barreau, la vie judiciaire depuis le jour de la mobilisation.


Une année judiciaire normale se termine en langueur. L’assoupissement précède le sommeil. La fête du 14 juillet a entr’ouvert les portes du Palais. Quelques-uns, devançant la date officielle des vacances, s’y sont glissés discrètement sans faire leurs adieux. Les audiences deviennent courtes ; les magistrats se font grondeurs, malgré quoi les avocats se font de plus en plus rares. On n’engage plus d’affaires de longue haleine. On se borne bientôt à celles qui ne méritent pas méditation et qui se