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Après la capitulation de Metz, la délégation de Tours, accomplissant un effort considérable auquel von der Goltz a rendu justice, improvisa de nouvelles armées. D’Aurelle de Paladines, dans la région d’Orléans, tenait, à la tête de la première armée de la Loire, contre le prince Frédéric-Charles qui s’avançait avec 200 000 hommes contre lui. D’autres corps étaient en formation dans l’Ouest. On notera dans la lettre suivante, chez Mgr Dupanloup, comme on a noté plus haut, cette idée, inspirée d’un passé héroïque, que le sort de la France allait se décider devant Orléans.


Mgr Dupanloup au même.


Orléans, le 19 novembre 1870.

« Monsieur et bien excellent ami,

« Je profite du voyage de M. Cochery pour vous écrire ce tout petit mot.

« Fortifiez l’armée de la Loire ; elle est parfaitement animée, mais trop peu nombreuse. L’armée ennemie s’augmente et se fortifie chaque jour et, malgré le courage de nos généraux et de nos soldats, je crois que notre armée court les plus grands dangers, peut-être le danger même d’un nouveau Sedan, si on ne lui donne pas les moyens de faire face aux diverses attaques et de tous les côtés.

« Pourquoi éparpiller nos forces dans l’Ouest quand tout va se décider sous les murs d’Orléans ?

« Vous savez mon tendre et respectueux attachement.

« F. Év. d’ORLÉANS. »


Le P. Gratry au même.


Pau, 23 novembre 1870.

« Cher et glorieux confrère,

« Vous êtes maintenant et resterez l’un des grands citoyens de la France. Vous avez été, en tous ces événemens, un modèle de noblesse, de clairvoyance, de courage, de sagesse. Vos fortifications de Paris, d’ailleurs, sont peut-être notre salut contre l’invasion. Je supplie Dieu de vous bénir et de vous élever, comme homme et comme enfant de Dieu, plus encore que vous n’êtes comme citoyen.

« Que ne puis-je m’entretenir avec vous des grandes questions