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le mensonge, la mauvaise foi, la trahison, la délation, le sadisme, ont étalé si largement leur souillure que la tache ne peut plus être effacée : c’est une perversion complète et généralisée.

On nie ; les bourreaux cherchent à jeter un voile sur les faits ; ou bien encore ils disent : « N’en parlons plus, c’est le passé. » On en parlera toujours. Les voilà pris, tout à coup, de respect humain. Que ne respectaient-ils la vie et l’honneur des hommes et des femmes quand ils étaient ou se croyaient les maîtres ?

« Ce sont des incidens ? » — Mais niera-t-on que des populations par centaines de mille ont été traînées en esclavage sous le vocable menteur de « prisonniers civils ? » Le prisonnier est un soldat qui se rend et qui met bas les armes. Il n’y a pas de « prisonniers civils. » Le prisonnier civil est un esclave. Les négriers d’Afrique ne faisaient pas autre chose : le rapt, la dispersion des familles, la concentration dans des camps de mort, tout ce que la cruauté la plus raffinée peut inventer pour faire souffrir des innocens, tout cela se perpétue sous nos yeux.

La philosophie et l’histoire n’ont pas une minute à perdre pour inscrire sur leurs tablettes cet autre phénomène de psychologie collective. J’ai dit tout à l’heure la tension maxima de l’âme dans le bien, voilà maintenant sa tension maxima dans le mal.


Et c’est pourquoi, le grand duel étant engagé dans l’âme des hommes, dans l’âme des sociétés, l’issue de cette guerre ne peut être qu’une grande servitude ou une grande libération.

La victoire allemande eût livré le monde à l’exploitation du plus effarant orgueil que les siècles aient connu. Que d’autres siècles il eût fallu pour réparer ce caprice du Destin ! Le péril est heureusement écarté. D’ores et déjà, le fauve est entouré d’une circonvallation qui a borné sa course. Demain, il sera traqué et se rendra à merci. Car la justice éternelle ne peut être injuste et la raison ne peut pas ne pas avoir raison. Autrement, le monde périrait.

L’humanité sera donc libérée. Comme dans la légende