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Mme F. Buloz, écrivant à sa sœur, deux jours après la réception de cet avis, n’en paraît pas autrement émue ; elle ne semble émue que de la bataille qui se livre dans Paris. « On se bat d’une façon terrible de Montmartre à la Porte Maillot. Le canon n’arrête ni jour ni nuit. Nous avons bondi, l’autre jour, sous la commotion de Grenelle [1], toutes nos fenêtres se sont ouvertes brusquement. » Et puis : « Tu sais, ma chérie, que la Commune nous a supprimés ? Nous n’avons eu jusqu’à présent aucun ennui [2]. »

Malgré la belle sérénité de Mme F. Buloz, il était temps que le second siège prît fin : tout le monde était à bout. Tels sont les jours cruels qu’a traversés cette Revue. Entourée de soins comme une fille tendrement aimée, sa vie, grâce à eux, ne fut pas interrompue.

Quant à son vieux fondateur, il servit avec elle son pays, car il demeura convaincu que toutes les énergies françaises devaient se consacrer à la grandeur, puis au relèvement de la Patrie. C’est pourquoi, pendant la lutte, il encouragea à la résistance suprême, qu’il considérait comme le suprême rachat, et, après la lutte, il fit entendre obstinément, dans la France dévastée et vaincue, des paroles d’espoir, de concorde et de résurrection.


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. L’explosion de la poudrière, avenue Rapp.
  2. Inédite, 21 mai 1871.