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L’ERE NOUVELLE
PROBLÈMES DE LA GUERRE ET DE LA PAIX

I
LE PROBLEME DE LA GUERRE

Eh bien ! oui, c’est la guerre... et une longue guerre !

L’humanité avait fait un beau rêve : au mois d’août 1913, on inaugurait, à La Haye, le temple de la Paix. Et ce temple ne s’est pas rouvert pour abriter le concert de l’harmonie universelle, qu’un conflit terrible éclate et couvre de sang la planète presque entière.

« O vieillard, tu te plais aux paroles sans fin comme autrefois aux temps de la paix ; mais voici qu’une bataille inévitable se prépare. Certes, j’ai vu un grand nombre de combats, mais je n’ai point vu encore une armée aussi formidable et aussi innombrable : elle est pareille aux feuilles et aux grains de sable ; et voici qu’elle vient, à travers la plaine, combattre autour de la ville [1]. »

Ainsi s’exprime, dans l’Iliade, Iris, la messagère des dieux. La guerre de Troie paraissait donc, même aux dieux, la plus formidable de toutes les guerres, et les armées qui luttaient sous les murailles d’Ilion les plus nombreuses de toutes les armées. Et voici que nous répétons, à notre tour, ce que répétaient,

  1. Iliade. Traduction de Leconte de Lisle.