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incurvée vers le bas, les pressions de l’air sous l’aile sont plus considérables, de même que les dépressions sur sa partie supérieure. C’est l’expérience qui a prouvé tout cela, l’expérience « source unique de la vérité, » suivant la parole d’Henri Poincaré, qu’il se faut jamais se lasser de répéter.


Un avion étant donné, que meuvent une ou plusieurs hélices commandées par un ou plusieurs moteurs, et que portent deux ailes, il faut pouvoir à volonté le faire monter ou descendre, le diriger à droite ou à gauche, c’est-à-dire le faire virer. Ces mouvemens doivent pouvoir être imprimés à l’avion dans un air calme, ou plutôt dans un vent régulier, lorsqu’on veut modifier sa route ; ils doivent aussi pouvoir lui être imprimés, lorsque, sans changer sa route, on subit l’effet d’irrégularités atmosphériques qui modifient, indépendamment de la volonté du pilote, l’orientation et l’inclinaison de l’avion.

Tout cela, qui constitue en somme le pilotage de l’aéroplane, est obtenu au moyen des gouvernails de direction et de profondeur, et au moyen des ailerons ou des organes de gauchissement. Nous allons très brièvement indiquer comment fonctionnent ces diverses gouvernes. Celles-ci sont commandées généralement à la main ou au pied par des leviers et des fils de fer et des mécanismes simples qu’il n’est pas utile de décrire ici.

Supposons qu’un pilote volant en ligne droite horizontalement veuille obliquer à droite ou à gauche. Il n’a qu’à déplacer pour cela son gouvernail de direction, qui est constitué par un ou plusieurs petits plans verticaux mobiles autour d’un axe vertical, et semblables à la queue de la plupart des poissons ou au gouvernail des petits canots chers aux habitués de Bougival. Ce gouvernail est généralement placé à l’arrière de l’avion à l’extrémité du fuselage ; il agit en vertu du même phénomène qui actionne le gouvernail des navires : en inclinant le gouvernail de direction vers la droite, l’avion tourne à droite : la résistance à l’avancement se trouve en effet augmentée de ce côté, l’avion a donc moins de vitesse du côté de son aile droite que de son aile gauche, et il tourne forcément vers la droite, de même qu’un chariot tiré par deux chevaux, dont l’un va beaucoup plus vite que l’autre tourne du côté de ce dernier.

Le gouvernail de profondeur qui permet au pilote de monter ou de descendre est fondé sur un principe semblable. Il consiste en un ou plusieurs petits plans mobiles autour d’un axe horizontal. Supposons,