Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 33.djvu/705

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vitesse de 100 kilomètres à l’heure, ce poids sera allégé de 1 200 kilos. Dès que le poids de l’appareil sera inférieur à celui dont il est allégé par la poussée, il se soulèvera du sol et s’envolera ; l’appareil volera horizontalement lorsque sa vitesse sera telle que la poussée de l’air soit inférieure à son poids ; il montera pour une vitesse supérieure, il descendra pour une vitesse moindre. Il va sans dire que le poids à considérer ici est non seulement le poids des ailes elles-mêmes, mais le poids de tout l’avion (moteur, fuselage, etc.).

2° Si on prend deux ailes de même profondeur ou largeur, mais d’envergures différentes, l’expérience prouve que la poussée de l’air est proportionnelle à cette envergure. Par exemple, sur une aile de 2 mètres de large et de 20 mètres d’envergure, à une vitesse donnée, la poussée de l’air est quatre fois plus grande que sur une aile de même largeur et de 5 mètres seulement d’envergure.

Si au contraire on compare entre elles deux ailes de même envergure et de profondeurs inégales, les mesures faites (par les méthodes que nous décrirons) montrent que la force portante de l’air ne croît pas indéfiniment lorsqu’on augmente la profondeur de l’aile. Il existe une profondeur d’environ 1 mètre qu’il y a intérêt à ne pas dépasser sous peine de voir diminuer ensuite la force portante de l’air. Ce fait, paradoxal en apparence, est dû aux remous que le bord d’attaque de l’aile produit à une certaine distance en arrière. C’est par suite de ce phénomène dûment constaté que presque tous les avions, quelle que soit leur envergure, ont à peu près la même profondeur d’ailes.

3° La force portante de l’air dépend évidemment de l’angle d’attaque, c’est-à-dire de l’inclinaison de l’aile par rapport à l’horizontale, si on suppose le cas simple où l’avion se déplace parallèlement au sol. Si en effet l’angle d’attaque était nul, c’est-à-dire si l’aile supposée plane se déplaçait exactement dans le sens de sa tranche, il n’y aurait aucune différence entre les pressions exercées sur le dessus et le dessous de l’aile, mais, d’autre part, la résistance à l’avancement de l’aile serait infiniment faible ; aucune force ne la soutiendrait, mais une force faible suffirait à la déplacer très vite. Si donc on l’incline très légèrement sur l’horizon, la poussée de l’air la soulèvera un peu ; et cette poussée sera multipliée par le carré de la grande vitesse, à laquelle la faible résistance à l’avancement permettra d’amener l’appareil. Si au contraire, l’angle d’attaque était le plus grand possible et égal à un angle droit, c’est-à-dire si l’aile était perpendiculaire à son déplacement, la résistance à l’avancement sera énorme, puisque l’aile résiste de toute sa surface à son déplacement dans l’air ; d’autre