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elle dans son mouvement. Ces dépressions ne sont jamais d’ailleurs très considérables, et elles sont au plus, dans les avions existans, d’environ cinquante grammes par centimètre carré de l’aile (elles seraient vingt fois plus fortes, si ces dépressions correspondaient à un vide parfait).

Quoi qu’il en soit, la pression exercée par l’air sur la partie inférieure de l’aile légèrement inclinée, est, l’expérience le prouve, et, comme il est naturel, d’autant plus forte que l’aile se déplace (sous une inclinaison supposée invariable) avec une vitesse plus grande. Il arrive donc, lorsqu’on augmente la vitesse de translation de l’aile, un moment où la résistance de l’air est assez forte pour la soulever ; à ce moment la poussée de l’air est égale au poids soulevé.

Chacun de nous a vu, dans les music-halls, ces jongleurs qui lancent d’une main adroite des cartes à jouer d’un bout à l’autre de la salle. La seule précaution prise par le lanceur est d’incliner légèrement la partie antérieure de ces cartes vers le haut. Elles se comportent alors exactement comme une aile d’aéroplane. Il faut que l’aile soit inclinée dans ce sens-là et non dans l’autre pour la même raison qui fait, si j’ose employer cette analogie simpliste, que, lorsqu’on caresse un chat à rebrousse-poil on soulève ses poils, tandis qu’on les aplatit au contraire dans l’autre sens : une partie de la vitesse de la main s’applique aux poils comme si elle leur était perpendiculaire dans un sens ou dans l’autre, de même que la poussée de l’air a une composante dirigée normalement à l’aile et qui s’oppose à son poids, et une autre dirigée parallèlement à celle-ci et sans effet sur ce poids.

Considérons maintenant une surface mince, plate et rectangulaire comme une aile d’avion ou une très grande carte à jouer se déplaçant dans l’air, légèrement inclinée vers le haut d’un angle constant, l’expérience prouve que la pression de l’air sur les deux faces dépend de trois facteurs : 1° la vitesse du déplacement ; 2° les dimensions de la surface ; 3° l’inclinaison de la surface par rapport à la direction de sa translation, et qu’on appelle l’angle d’attaque.

1° La pression de l’air qui s’exerce sur la face inférieure de l’aile et la dépression qui s’exerce de l’autre côté, et desquelles dépend exclusivement la force qui soulève l’aile augmentent très vite avec la vitesse ; elles augmentent comme le carré de cette -vitesse ; c’est-à-dire que, si la vitesse double, la poussée de l’air quadruple. Supposons pour prendre un exemple qu’une vitesse de 50 kilomètres à l’heure allège de 300 kilos le poids apparent d’un avion ; pour une