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immédiatement dans le vif du sujet et d’examiner comment est fait un aéroplane, et comment il fonctionne, supposant connus certains résultats expérimentaux. Quant à la façon dont ceux-ci ont été obtenus, quant à l’aérodynamique, aux méthodes délicates et variées dont elle a enrichi la science du vol et qui sont tout imprégnées de l’ingénieux génie français, j’en ferai l’objet d’une prochaine chronique, avant d’aborder, pour finir, l’étude militaire de l’aéroplane.

Je le ferai en m’inspirant quelque peu de la marche suivie dans leurs récentes publications par M. de Guiche et par M. Maurain qui sont parmi nos meilleurs aérotechniciens, et en évitant néanmoins toutes les formes trop techniques, bien qu’il soit difficile de faire sur l’aviation, sans le secours de quelque mathématique, un exposé d’une diaphanéité vraiment aérienne.


On peut distinguer dans un avion quelconque deux parties essentielles : celle qui lui sert à se soutenir dans l’air, à s’appuyer sur lui, et celle qui lui sert à avancer. La première comprend les ailes et les gouvernails, qui servent, comme nous verrons, à porter l’appareil, et à maintenir son équilibre et sa direction ; elle comprend aussi des organes passifs, la nacelle où se placent les aviateurs, le combustible, les instrumens et armes et le train d’atterrissage qui facilite le départ et l’arrivée de l’appareil. La partie motrice de l’avion comprend le moteur et l’hélice, organes de son avancement dans l’air, de sa traction.

Examinons d’abord pourquoi et comment fonctionne la partie sustentatrice de l’avion : les ailes sont constituées, comme chacun sait, par des surfaces minces à peu près planes et à peu près rectangulaires, légèrement inclinées vers le haut (de l’arrière à l’avant) et dont l’envergure, de même que pour les ailes d’un oiseau, est très supérieure à leur largeur. L’hélice mue par le moteur fait avancer ces surfaces dans l’air, de même qu’une hélice marine propulse dans l’eau le navire auquel elle est fixée. L’aile en avançant heurte vivement par sa surface inférieure l’air dans lequel elle avance ; cet air se comprime contre elle et a tendance à résister à son mouvement ; et comme cette compression s’exerce sous l’aile, elle tend à la soulever, tout en s’opposant à sa marche. D’autre part et au contraire, il se produit, pour les mêmes causes, une sorte de vide, de dépression sur la face supérieure de l’aile parce que cette face est dirigée vers l’arrière et que l’air ne remplit pas instantanément l’espace vide laissé par l’aile derrière