que la mention de Rome certifie : Rome antique et Rome nouvelle ; la notion du droit que Rome antique a élaborée se confond avec le précepte de justice que représente Rome chrétienne. Or, l’Angleterre n’est pas entrée dans le conflit pour un autre motif que sa volonté de maintenir le droit. Si l’on en doute, qu’on relise la conversation terrible du 4 août 1914, dont les interlocuteurs furent l’ambassadeur de la Grande-Bretagne et le chancelier de l’Empire allemand. L’ambassadeur de la Grande-Bretagne refusait toute incertitude relative aux engagemens pris ; le chancelier de l’Empire allemand plaçait bien au-dessus de la fidélité aux engagemens pris l’intérêt de l’Allemagne. Les nations qui se sont réunies contre la déloyauté allemande forment la coalition du droit contre la force impertinente. Les Alliés s’appellent Rome et s’appellent le Droit ; et l’Allemagne, qui était la force, est aujourd’hui la force prête à chanceler devant le Droit. « La Germanie contre Rome : c’est une formule qui contient l’essence de la guerre mondiale. Une culture (la culture allemande) fondée sur le sentiment, sur la passion, sur l’arbitraire et l’égoïsme contre une culture fondée sur la raison, sur la réflexion, sur la volonté réfléchie et sur l’altruisme. Une culture païenne, pour dire le mot suprême, contre une culture chrétienne ! »
Au bout de son enquête impartiale, M. Joergensen arrive à l’authentique vérité. Il a écarté les nuées que la propagande et la subtile manigance des Germains avaient accumulées autour de la vérité. Il a débrouillé cette vérité : la Germanie continue la sauvagerie ancienne ; le christianisme ne l’a pas civilisée. Elle est, pour ainsi parler, antérieure à la civilisation chrétienne ; et elle dure, en son état de barbarie que les siècles n’ont pas disciplinée. Elle est païenne et l’ennemie de la religion qu’elle fait semblant de venger. Les soldats allemands, en Belgique, se sont acharnés contre les églises, les prêtres ; ils ont souillé les sanctuaires, profané les objets du culte. Et ils criaient : « A bas le catholicisme ! » L’archevêque de Fribourg n’y peut rien, ni l’évêque de Rottenburg, ni l’évêque d’Osnabrück. L’imposture allemande se dévoile ainsi. Et l’auteur de la Cloche Roland, c’est un homme que l’Allemagne avait séduit, que le sacrilège soudain scandalise. Il a crié au scandale ; et on l’entendra.
ANDRE BEAUNIER.