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pour sauver la République reconnue par toutes les Puissances amies, nous espérons que toutes ces Puissances tiendront compte de notre situation, qu’elles reconnaîtront la justice de notre cause et de notre conduite...

« Nous déclarons ici que tous les traités et conventions conclus avec les Puissances amies avant la date de la présente proclamation de notre juste cause contre une haute trahison, à savoir, le mois de décembre de la quatrième année de la République chinoise, continueront à avoir plein effet, et que, dans les limites de la juridiction de notre armée, nous assumons toute responsabilité pour la protection de la vie des étrangers, de leur commerce et de leurs missions, et pour l’exécution de toutes les obligations des traités. Toutes les relations avec les Puissances étrangères seront conduites par les représentans autorisés du gouvernement militaire... »

Des déclarations du même genre furent faites au gouverneur général de l’Indochine, à la date du 6 janvier 1916 :

« Yuen Chekai, dit la lettre des autorités du Yunnan, a la prétention de traiter les républicains chinois en rebelles, alors que c’est lui qui est le rebelle, que c’est lui qui se met hors la loi en violant la Constitution et en faisant fî du serment que, lors de son élection, il avait prêté, à l’effet de maintenir la République pendant toute la durée de sa présidence. »

Elles ajoutent l’engagement de protéger les biens des Français au Yunnan et de respecter les traités.

Enfin, les députés de l’ancien Parlement dissous, représentans de onze provinces, adressèrent une lettre collective au corps diplomatique de Pékin, pour dire des choses analogues, et proclamer, au nom du droit, la déchéance de l’usurpateur.

Ces déclarations posent la question sur le terrain des obligations morales et juridiques résultant d’engagemens solennels, dont l’inviolabilité doit être un dogme pour les diplomates qui ne sont pas Allemands.


La rébellion du Yunnan s’est étendue à d’autres régions ; depuis la fin de 1915, une à une, la plupart des provinces situées au-dessous du Fleuve Bleu ont proclamé leur indépendance du gouvernement de Pékin. Il est aujourd’hui manifeste que le mouvement actuel a été soigneusement préparé et que