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étrangère définitive par les armes, que le développement futur de la nation ne devait se faire que dans les voies pacifiques du progrès économique, du développement de l’instruction scientifique occidentale ; que toute tentative de militarisation de la Chine n’aurait d’autre effet que d’enfoncer celle-ci dans les dettes au profit de l’étranger qui s’appuierait sur ses créances pour la dominer plus encore. La grande guerre d’Europe apporta à ces adversaires de la militarisation un argument puissant ; elle leur permit de montrer, par l’exemple de la Turquie, le sort qui attendait la Chine, si celle-ci s’engageait dans la voie où la poussait Yuen Chekai.

Déjà on annonçait que le premier acte du nouvel empire, était l’établissement de la conscription dans les provinces du Nord. Les mesures préparatoires se déroulaient. En octobre, quatre grandes zones militaires étaient créées comprenant toutes les provinces ; la première se composait du Tchéli, du Chantong, du Honan, la deuxième, de la Mandchourie, du Chens et du Kansou, la troisième, de la Chine du centre et du Sud, la quatrième, du Yunnan et des provinces frontières du Tonkin.

D’autre part, le dictateur s’efforçait de créer une caste militaire à l’imitation de l’Allemagne. Il conférait des titres de noblesse héréditaire aux maréchaux et aux généraux, qu’il nommait ou qu’il reconnaissait, dans les provinces ; ceux-ci devaient obligatoirement envoyer leurs enfans à l’armée pour en faire de futurs officiers. Évidemment, l’ancien ministre de Tseushi, conseillé par son entourage étranger, voulait se transformer dans l’avenir en un Kaiser d’Extrême-Orient.

Cette perspective ne souriait nullement aux républicains progressistes qui avaient apporté leur concours au dictateur pour de tout autres motifs ; ils reculaient, et finalement rejoignaient les autres républicains qui ne s’étaient jamais laissé aller à l’illusion et qui avaient préféré la persécution et l’exil à l’abandon de leurs idées et de leurs espérances.


Quelque temps avant que la révolte ouverte n’éclatât, les républicains avaient formé, sous le nom de Minnshientang, ou parti constitutionnaliste, un groupe rassemblant tous leurs élémens, depuis les plus avancés jusqu’aux progressistes.

Des concours arrivaient de tous côtés à ce groupe ; à Pékin