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comme si profitable à leurs intérêts. On admet facilement ce que l’on désire.

Mais tout le monde ne partageait pas l’optimisme de commande au sujet de la situation intérieure de la Chine ; certains prévoyaient que le projet de Yuen allait se heurter à une vive opposition dans le pays et s’attendaient à une révolte républicaine. Ceux-là voyaient juste.

Le parti républicain était loin d’avoir disparu, au contraire. La force n’a jamais tué les idées, bien qu’elle puisse les comprimer pour un temps. Les hommes qui avaient fait la révolution et fondé la république se préparaient dans le silence, profitant de l’expérience acquise en 1913. Ils savaient maintenant, pour l’avoir appris à leurs dépens, qu’il ne s’agissait pas seulement pour eux de chasser du pouvoir un usurpateur, mais bien de lutter en réalité contre la diplomatie de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France et de la Russie, entreprise autrement difficile.

Au moment du coup d’Etat, les républicains le plus en vue avaient fui à l’étranger la mort certaine qui les attendait dans leur pays ; ils préparaient l’avenir, attendant l’occasion propice, c’est-à-dire un changement dans la situation internationale, afin de reprendre leur action.

Le gros de leurs troupes, anciens membres des Assemblées dissoutes, des comités dispersés, militans des combats de la première heure, étudians exaltés pour la cause, se retrouvaient en Chine dans les sociétés secrètes.

Au début du nouveau régime, les républicains se divisaient en plusieurs groupes dont l’ensemble possédait la majorité dans tous les corps élus ; les Assemblées provinciales constituaient leurs forteresses parce que, là, l’action du gouvernement pouvait plus difficilement s’exercer dans les élections. Le groupe Kouominntang, ou Parti du peuple, correspondait à notre extrême gauche ; ses membres avaient appartenu à l’ancien parti révolutionnaire ; il dépassait tous les autres groupes en importance numérique ; le minntchoutang' ou démocratique bien moins nombreux pouvait se comparer à nos radicaux modérés ; le troisième groupe qui le disputait en nombre au premier, s’appelait Tsinnpoutang ou parti progressiste, et jouait le rôle du parti du même nom en France ; enfin, le groupe Konghouolang, ou simplement républicain, constituait la droite avec quelques