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de la « perfide Albion » en des termes que nous ne reproduirons pas, il poursuit :

« Sir John, désireux de se faire un nom, avait envie de pousser la Chine à se joindre au groupe de l’Entente. Les autorités du gouvernement de Yuen, prenant avantage de cette situation, essayèrent d’abord de pousser l’Angleterre, la Russie et la France à reconnaître la monarchie en Chine, en second lieu à s’assurer un emprunt nécessaire à la réalisation du plan monarchique, et en troisième lieu à obtenir des Puissances qu’elles fissent une pression sur le Japon afin de contenir celui-ci.

« Les autorités chinoises pensaient que si elles donnaient quelques commodités à la Russie et à l’Angleterre pour éloigner l’influence des Allemands, ces deux Puissances pourraient consentir à agréer la requête chinoise au sujet d’un appui. Aussitôt que les trois Puissances feraient un mouvement, le Japon, pensaient-elles, se retiendrait sans faire le moindre effort. »

Ce passage expose bien la situation, car c’est, en effet, vers cette époque que les organes russes, anglais et français parlèrent pendant quelques jours avec une bienveillance marquée de l’entrée de la Chine dans le groupe de l’Entente et qu’ils envisagèrent la possibilité d’expulser les Allemands des concessions étrangères en Chine. Cette question fut discutée, en Angleterre, en d’importans articles.

Le Japon, dont l’intérêt est également d’évincer l’Allemagne d’Extrême-Orient, ne vit là qu’un prétexte, qu’un moyen, pour l’Angleterre et la France, pour les groupes financiers de ces deux pays, de mettre la main sur le dictateur afin d’en faire un instrument utile ; il prétendit que la Chine n’est capable d’apporter à l’Entente ni forces militaires, ni munitions de guerre, ni argent, ce qui est évident. Aussi, le Yamato concluait-il en disant que le Japon repoussait nécessairement un tel plan.

Fin novembre également, le Hochi, organe officieux, faisait, dans un langage plus diplomatique, écho au Yamato, pour bien faire savoir à qui de droit que le gouvernement n’abandonnerait pas son point de vue général.

Bref, l’opinion publique japonaise s’exprimait avec une grande vigueur, et la diplomatie européenne, habituée à traiter librement les questions de l’Extrême-Orient, dans le secret des