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Au Japon, les questions diplomatiques sont âprement discutées, même dans le peuple ; il y a des associations populaires exclusivement consacrées à leur étude.

Dans les conciliabules de celles-ci, l’opinion se montait.

D’autre part, l’élément opposé à l’immixtion des blancs dans la politique de l’Extrême-Orient estimait que le moment était propice pour que le gouvernement affirmât par des actes la volonté de la race jaune de s’occuper elle-même de régler ses différends et ses compétitions ; cette opinion était soutenue avec d’autant plus de complaisance qu’elle donne au Japon un rôle prépondérant, puisqu’il est, au point de vue de la puissance, le premier peuple de la race.

Les dirigeans de Pékin, ainsi que leurs partenaires européens, ne surent pas comprendre cet état d’esprit japonais, et le cabinet présidentiel continua ses préparatifs, se figurant que l’adhésion donnée par les Puissances de l’Entente à la note japonaise était de pure forme ; qu’au fond le dictateur pouvait toujours compter sur leur concours.

Aussi, le langage de la presse du Nippon s’éleva-t-il peu à peu, laissant percer un grand mécontentement. On attaquait le ministère qui, par sa note impuissante, causait une humiliation au pays.

Le ton monta encore, lorsque la nouvelle parvint, dans les Iles, de l’entrée possible de la Chine dans le bloc de l’Entente, il alla même jusqu’à la menace. On recherchait et on exposait la cause de l’obstination de Yuen Chekai, dont la force réelle n’était qu’un mythe, à tenir pour nulle la volonté du puissant Japon et l’on attaquait directement ses protecteurs. On reprochait à la Grande-Bretagne, qui, en réalité, menait le concert de l’Entente en faveur de la restauration impérialiste, d’avoir voulu conclure une alliance avec la Chine, afin de tenir plus étroitement en mains le personnage qui la gouverne ostensiblement, et cela, en dehors du Japon lui-même et à son détriment !

Voici sur ce point le langage que tenait le Yamato, journal qui s’occupe beaucoup de politique étrangère et qui, bien que n’étant pas officieux, sert à lancer les idées hardies et à exprimer les choses un peu dures que le gouvernement japonais veut exprimer sans s’avancer lui-même.

Après avoir fait, quelques variations sur la diplomatie traditionnelle