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par les blancs, qu’on vient toujours à bout des minorités, fermant volontairement les yeux à la vérité historique qui enseigne que toutes les révolutions, même les plus considérables, ont toujours été le fait d’un petit nombre d’initiateurs résolus.

L’emploi de la force, de mesures de police, au besoin une action militaire, semblaient des moyens suffisans pour réprimer toute tentative de révolte contre la réalisation d’un projet cher à tant de gens. Ce n’était point de l’intérieur qu’on redoutait les plus grandes difficultés, c’était du dehors.

On pouvait, croyait-on, négliger l’opinion publique chinoise, sans organe pour se manifester ; mais il fallait tenir compte de l’étranger. Celui-ci a, depuis déjà de longues années, pris un tel pied en Chine, que le gouvernement de ce pays ne peut plus faire un mouvement sans son assentiment. De plus en plus endettée, la Chine est à la merci de ses créanciers, qui, se prévalant de leurs prêts, réclament des droits d’intervention de plus en plus étendus pour la sauvegarde de leurs intérêts. Il faut, en outre, ménager l’opinion publique étrangère, en vue des emprunts futurs, sur lesquels compte toujours un gouvernement incapable de se créer un système de finances viable. Que le régime nouveau, c’est-à-dire l’impérialat de Yuen Chekai ne fût pas reconnu au dehors, il était pour ainsi dire inexistant, condamné à une mort rapide.

Pour gagner l’opinion de l’extérieur, on imagina donc deux moyens principaux devant permettre aux diplomates de consacrer l’usurpation et de détruire définitivement la république reconnue précédemment comme le gouvernement légitime du pays.

Le premier de ces moyens fut la rédaction, par le docteur Goodnow, conseiller du président, d’un rapport auquel on donna la plus grande publicité. Le Dr Goodnow est de nationalité américaine, et c’est vraisemblablement à cause de cette particularité qu’il fut choisi pour présenter aux diverses chancelleries et au public mondial les raisons pour lesquelles il devenait urgent d’annuler ce qui restait de l’œuvre de la révolution de 1911, au profit de l’ancien ministre de la vieille et despotique impératrice Tseushi.

Ce rapport débute par des considérations générales sur l’existence des diverses républiques à travers l’histoire, les trois quarts du document sont consacrés à des amplifications de