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D’autre part, ces étrangers, vivant dans l’ambiance du prince, pouvaient, s’ils étaient habiles à servir d’intermédiaires dans un tel milieu, édifier de véritables fortunes. Une restauration monarchique au profit de leur patron chinois était évidemment le meilleur moyen d’assurer, avec la stabilité du pouvoir, celle de leur situation et la continuité de leurs profits.

Aussi, était-ce dans ce milieu que Yuen Chekai avait déjà trouvé les plus vifs encouragemens à accomplir son coup d’Etat, à chasser le Parlement, lorsqu’on s’aperçut que celui-ci voulait remplir sérieusement sa fonction. Certains de ces conseillers étrangers lui mettaient sous les yeux, en l’engageant à le suivre, l’exemple de Bonaparte jetant, avec ses grenadiers, les députés par les fenêtres ; d’autres le secondèrent directement dans la conduite des opérations militaires, lorsqu’il s’agit d’écraser les républicains soulevés contre l’arbitraire du pouvoir.

D’autre part, la diplomatie de la plupart des Puissances fondait les plus grands espoirs sur la restauration de l’Empire. Le consortium qu’elle avait imaginé pour conduire et gouverner indirectement ce peuple immense dans les voies de la civilisation occidentale pensait s’accommoder beaucoup mieux d’une monarchie que d’une république. Un homme seul est toujours plus facile à manier que des assemblées à huit cents têtes, élues et renouvelables.

Les Anglais attendaient, pour la réussite de leurs affaires, pour l’obtention de concessions fructueuses de chemins de fer et de mines, pour le développement de leur commerce et de leur influence, beaucoup plus d’un régime qui, à cet égard, avait fait ses preuves de faiblesse, que d’un système nouveau combiné et mis en jeu par des gens connus comme désireux d’arriver dans l’avenir à assurer l’indépendance économique de leur pays.

Les Allemands, animés d’ailleurs des mêmes sentimens, espéraient de la constitution d’un pouvoir unique la militarisation future de la Chine, ce qui leur aurait fourni l’occasion d’y implanter leurs instructeurs militaires, d’y prendre pied comme en Turquie et de se faire de cet immense réservoir humain un instrument utile à leur ambition de domination mondiale.

La diplomatie russe tenait avant tout à ce qu’une république,