de près les événemens, qu’un effort allait être accompli afin de stabiliser le nouveau pouvoir personnel de Yuen Chekai ; influences chinoises, influences étrangères, y poussaient.
Le président s’était entouré d’une foule de gens qu’il attachait à sa personne par les liens puissans de l’intérêt pécuniaire. Un bon nombre d’hommes avaient été nommés Kouwenn, c’est-à-dire conseillers. Venus de leurs provinces où ils auraient pu exercer peut-être une action indépendante de celle de la capitale, ils se trouvaient paralysés à Pékin. Pour la plupart, la fonction de conseiller n’était qu’une sinécure, un prétexte à émolumens. Parmi ces Kouwenn, on trouvait très peu de gens à principes, réellement partisans d’une dictature en vue du bien public. Le gros de la troupe, fonctionnaires de l’ancien régime, n’attendait du nouveau que le moyen de vivre sans peine. D’autre part, quelques conseillers n’étaient que de faux ralliés qui, avec la profondeur de dissimulation des Asiatiques, se faisaient payer un concours passif, en attendant le moment propice de jeter le masque et de combattre le chef de l’Etat qu’ils considéraient comme un tyran. Ces derniers étaient peu nombreux.
Avec les conseillers sinécuristes, gravitaient, autour de Yuen Chekai, les fonctionnaires effectifs de la capitale, flanqués de leurs secrétaires et de leur clientèle, ainsi que les membres de quelques corps politiques, débris des institutions des premiers temps de la république, le Tsan chengyuen, qui remplaçait l’ancien Sénat de la monarchie déchue, le Lifayuen ou Cour législative, les ministres et leurs bureaux, le cabinet présidentiel, avec ses fidèles vivant dans l’atmosphère du dictateur, le tout recruté parmi les gens d’ancien régime, habitués à vivre dans le milieu corrompu de la Cour impériale.
Tout ce personnel n’aimait point et ne pouvait aimer la république, car le parti républicain, composé de réformistes et d’occidentalisés désireux de gouverner et d’administrer la Chine selon les méthodes d’Europe et d’Amérique, se proposait, lors de son avènement, de mettre dans les places des hommes nouveaux, imbus de son esprit. Aussi, lorsque, en mai 1912, l’Assemblée provisoire se fut transportée à Pékin, tout ce monde de fonctionnaires s’employa-t-il à entraver son action autant qu’il put ; ce fut bien pis après les élections de 1912-1913, qui nommèrent une Chambre et un Sénat hostiles à Yuen